Horizon a tout du projet hors norme d'un autre temps. L'ambition d'un homme passionné par le western dans sa forme la plus classique, éculée pour certains. L'hypothèque de la maison en guise de budget pour délivrer pas moins de 4 films de 3 heures dans un temps record. Le succès de la série Yellowstone ne semble pas si étranger à cette idée saugrenue. Mais de là à exciter les foules pour faire le déplacement en salle, le pari semble risqué.


Mais hélas, même en étant un grand fan de western, et un spectateur conquis par le travail de Costner en règle général, je dois avouer que ce premier chapitre me laisse quelque peu sur ma faim. La faute essentiellement à l'aspect sériel qui multiplie les personnages, les lieux et les histoires à l'intérêt variable. Malgré les efforts louables pour rendre ce film choral digeste, le montage écharpe quelques personnages qui paraissaient clés dans le récit à l'origine. Je comprends l'idée de ramener tous les personnages à Horizon dans le chapitre final (ou plus tôt ?) mais était-ce nécessaire de développer dès le premier chapitre les cowboys du convoi dont l'enjeu demeure faible. Le film n'est pas toujours aussi beau que l'on pouvait l'espérer également. Le format paraît adapté à la SVOD par anticipation.


Et globalement, Costner semble rendre hommage à John Ford et le western classique des années 40/50 en empruntant quelques images d'Epinal que l'on croyaient révolues notamment le massacre des gentils pionniers par les indiens. Je ne trouve pas que le film soit raciste et je comprends la démarche que de questionner la ruée vers l'Ouest. Mais il y a quelque chose de suranné que d'aborder de la sorte la Conquête de l'Ouest après 30 ans de westerns crépusculaires qui ont questionné et remis en question la figure même du cowboy. Et outre les décors ou quelques plans ressemblant à Monument Valley, il y a quelques tentatives d'humour naïves ou une romance dans un camp militaire inutile voire embarrassante qui m'ont fait également penser au western classique. Tout un pan dont je me serais bien passé.


Néanmoins, malgré mes nombreuses réserves, étant un client du genre, j'ai globalement passé un agréable moment durant ces 3 heures dans le Montana ou bien le Wyoming a sillonner les paysages grandioses (de l'Utah il semblerait pour le tournage). On retrouve un peu du souffle des grandes fresques. Et bien que les lourdeurs soit nombreuses, il y a quelques morceaux de cinéma galvanisants. Je pense notamment à la joute verbale entre Coster et le frangin dérangé (le meilleur arc narratif du film). Joli casting pour jouer les brutes épaisses avec des gueules de cinéma mémorables. Et bien que le format me dérange, ou qu'il ne soit pas mieux pensé, le cliffhanger donne envie de se replonger aux côtés de cette pléthore de personnages. Je parle bien du dernier affrontement et non du teasing honteux de la suite de la saga intégré n'importe comment à la va-vite.


Bien que ce premier chapitre soit poussif, j'espère que la distribution chaotique de ce projet gargantuesque suivra en salle pour profiter du spectacle à nouveau et que les chapitres suivants bénéficieront de la richesse promise ici.

Tchitchoball

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