Depuis plus de vingt ans maintenant, on nous serine en affirmant la mort du genre western.
Soit plus de vingt ans d'une amnésie plus que sélective, quand on fait un (petit) effort de mobilisation de sa mémoire de cinéphile. Et de l'exaltation de l'Ouest sauvage par des oeuvres comme Hostiles, Les 8 Salopards, Django Unchained, Brimstone, Bone Tomahawk, Lone Ranger ou The Homesman. Ou quand on se souvient de pas mal de remakes, tels ceux de 3H10 pour Yuma par James Mangold, des 7 Mercenaires par Antoine Fuqua, ou du True Grit des frères Coen.
Pas mal pour un mort, non ? Surtout qu'en plus, nombre de films continuent de tourner autour de son aura et d'en reprendre l'ensemble des codes, à l'instar de Rango ou du récent As Bestas par exemple.
Loin d'être "essoré" ou encore "éteint", en tout cas... Et loin de ce que vous avez pu lire ça et là auprès de la critique voulant se faire passer pour érudite.
Que toute l'ambition et la démesure de la saga Horizon soit soutenue par toute la foi d'un acteur / réalisateur comme Kevin Costner n'a rien d'étonnant, lui qui s'est imposé comme l'une des dernières figures ayant marqué l'Ouest de son empreinte. Un projet éminemment personnel qui a cependant tout d'un vaisseau luttant vainement contre le courant tant par le public visé, son rythme ou encore son format.
Car Kevin espère sans doute revitaliser le grand écran en y important l'écriture et la densité narrative typique des séries télévisées telles que Yellowstone, autre oeuvre tournant autour du western et l'ayant remis sur le devant de la scène. Au service d'une véritable fresque chorale sur la colonisation du Far West, que Kevin semble regarder du haut de la montagne qu'il a gravie pour mieux en embrasser chacun des aspects et des tropes du genre.
En guise de large introduction, Horizon – Une Saga Américaine Chapitre 1 trace des destinées pour l'instant parallèles, mais passionnantes, semblant toutes converger vers cette nouvelle ville utopique d'Horizon, frappée dès son introduction par la mort, puis par la destruction, à la lumière des flammes qui déchirent la nuit à l'occasion d'un raid de natifs. Scène tétanisante, faisant office de véritable électrochoc, venant rappeler les fondations couleur carmin de l'Amérique et l'impitoyable violence de ces territoires vierges. Kevin Costner passe de l'une à l'autre de ces intrigues de manière fluide et naturelle, tout comme il alterne les moments d'action, de suspens et d'intime sans jamais perdre son public, ni le souffle de son histoire, rappelant au passage ses indéniables talents de conteur.
Ce qui est cependant un peu étonnant au regard des trois heures de projection, qui n'ennuient pas un seul instant, ce sont ces quelques ellipses maladroites nuisant quelque peu au développement de certains personnages, ou encore l'absence de ponctuation de la fin de ce chapitre, qui embraye sur un teaser du prochain épisode sans crier gare.
Si l'accueil est pour le moins tiédasse en France à en lire les critiques, il ne faudrait cependant pas perdre de vue que ce Chapitre 1 ne constitue en l'état qu'un très appétissant hors d'oeuvre, une petite partie de la tapisserie de la fresque tissée par Kevin Costner. Et qu'à heure des critiques, parfois cinglantes, le manque de recul ne peut être que patent, que ce soit chez les adorateurs ou les contempteurs de l'acteur / réalisateur.
Et s'il n'y avait qu'une chose à retenir, aujourd'hui, des prémices de la saga Horizon, c'est que Kevin s'impose, à nouveau, comme un child of the Wild West.
Behind_the_Mask, Westworld.