C'est un noble objectif de la part de Kevin Costner de vouloir revenir à un genre passé de mode (sentiment qui est amplifié quand on sait qu'il a porté ce projet pendant longtemps et qu'il a même financé une partie du budget de sa propre poche !), qui paraît ne plus avoir quoi que ce soit à exprimer de nouveau (au cinéma, du moins !), à savoir le western (j'espère qu'un long-métrage viendra un jour me prouver que j'ai tort, que je suis en train d'écrire, sur ce sujet, de la merde !). Genre qui a offert de nombreuses belles heures au septième art (y compris, par l'intermédiaire du Monsieur susmentionné, avec les trois heures de Danse avec les loups !). Il n'empêche, le pompeusement appelé Horizon: An American Saga – Chapter 1 est un énorme ratage.
Alors, j'ai entrevu les intentions du truc, le réalisateur-acteur-scénariste-producteur a voulu mettre en scène une vaste fresque, contant toute une somme de destins, avec pour toile de fond la conquête de l'Ouest. Mais, si je mets de côté l'attaque nocturne d'une tribu apache sur un village de colons inconscients, nouvellement installés (seul moment présentant de l'intensité et qui est à sauver de toute cette catastrophe de 181 minutes, pour les raisons que ça s'étale assez longuement - ce qui contraste singulièrement avec tout le reste - et qu'assister aux massacres d'innocents, femmes et enfants compris, ne laisse pas humainement insensible, même si, sans cautionner, les agresseurs ont des raisons compréhensibles d'agir ainsi !), le problème, c'est que l'ensemble se résume juste à une accumulation de vignettes sur une multitude de personnages, une trop grosse multitude (ça se pèse largement en tonnes !), sans qu'absolument rien soit creusé, sans que presque rien soit amené, le moindre rebondissement, la moindre relation, le moindre caractère, le moindre cheminement psychologique, le moindre changement de situation, le moindre lieu commun (ouais, c'est aussi une exposition ultra-superficielle de tous ceux du genre !). Il n'y a rien d'un minimum approfondi. On ne s'attarde sur rien. C'est comme si Costner avait voulu placer, à toute force, dans un seul cadre (l'objet !) pouvant contenir un puzzle de mille pièces, une bonne vingtaine de puzzles d'une taille identique, avec, pour chacun, 90 % des pièces qui manquent dans la boîte. C'est l'impression que j'ai retenu du résultat global.
Ce qui fait que ce long-métrage raconte que dalle, pour ainsi dire, qu'il est impossible de s'attacher à quiconque puisqu'on n'a pas le temps de le connaître, qu'on se fiche totalement de son sort. Et évidemment, conséquence de tout ce bazar, les acteurs et les actrices n'ont pas la possibilité de foutre grand-chose, vu que leur rôle n'a pas le plus petit soupçon de consistance.
En outre, à l'exception de Kevin Costner himself et de Danny Huston, il n'y a pas la moindre silhouette masculine charismatique à l'horizon (OK, je sors !). Côté féminin, le niveau est un chouia plus relevé dans ce domaine, avec les silhouettes (oui, c'est triste de le souligner, mais tout le monde n'est qu'une quasi-silhouette devant la caméra !) de Sienna Miller, de Jena Malone, d'Ella Hunt et d'Abbey Lee (cette dernière est celle dont la présence est la plus forte, mais ceci est dû uniquement à ce qui se dégage naturellement de cette comédienne !).
Sinon, la BO est basique de chez basique, fadasse de chez fadasse, reprenant des types d'agencements musicaux usés, employés un milliard de fois auparavant, sans la plus riquiqui créativité. Je suis même allé vérifier si ce n'était pas une IA qui avait composé ça. Ben, putain, elle est loin l'époque lors de laquelle un immense John Barry contribuait à sublimer, avec un lyrisme transcendant et inoubliable, un bon nombre de scènes de Danse avec les loups.
Et la photo numérique ne rend pas hommage à la magnificence des extérieurs, leur donnant un aspect plat et artificiel. Quoi, j'exagère ? On en reparlera quand vous aurez comparé, par exemple, à tous les westerns d'Anthony Mann en Technicolor, tournés dans les années 1950, à une bonne poignée d'Henry Hathaway ou, pourquoi pas, à Danse avec les loups (eh oui, je ne fais pas ici que du Costner-bashing !), d'accord ?
Kevin Costner a pour ambition de réaliser, en tout, quatre chapitres (c'est comme cela qu'il a choisi de désigner chaque volet !), pour une durée de plus d'une dizaine d'heures. Je le confesse tout de suite, ce sera sans moi. Je préfère gaspiller mon temps et mon argent autrement.