L’efficacité de certaines séquences, en particulier épiques lors de l’attaque initiale mais aussi pathétiques quand il s’agit de remettre des écussons brodés aux soldats sur le départ, témoigne de l’indéniable savoir-faire du cinéaste, producteur et acteur Kevin Costner, hélas desservi par cette triple casquette qui pèse sur lui comme le poids de la notoriété sur le dos d’un auteur. Il manque au premier chapitre de la saga Horizon le truchement d’un regard extérieur à même de conseiller et de retrancher ; à la place se construit une fresque démesurée moins par son envergure dramatique ou cinématographique que par sa longueur et par son rythme en dents de scie, qui confond le récit choral et la dispersion approximative de séquences inégales, tantôt maîtrisées tantôt confondantes de lourdeur.
En refusant deux écueils contemporains, c’est-à-dire la psychologisation à tout-va des personnages et la linéarité du scénario, Costner embrasse l’élan de conquête de l’Ouest perçu sur différents territoires, et restitue la convergence de leurs finalités, de leurs périls, de leurs espoirs ; pour autant, il ne confère pas à ses figures suffisamment de chair et de matière pour exister pleinement à l’écran et ainsi résister à la structure épisodique. La réalisation, dans ses cadrages, dans la composition de ses plans, dans son montage, semble souvent expédiée, notamment lors des dialogues au sein de la tribu indienne. La beauté des paysages, eux omniprésents à l’écran, elle révélée par des plans d’introduction augmentés d’indications textuelles sur le lieu, s’atteint jamais la puissance escomptée parce qu’elle se heurte à la négligence d’un ensemble qui aurait trouvé format plus judicieux dans la série.
La partition musicale de John Debney écrase davantage qu’elle élève cette œuvre dépassée par l’ampleur de son projet individuel, là où il aurait dû jouer la carte de la collectivité.