Harry Potter à Serpentard !
Ig Perrish (Daniel Radcliffe) est accusé d’avoir tué la femme qu’il aimait éperdument, Merrin (Juno Temple). Totalement désemparé et harcelé par les journalistes, Ig essaye malgré tout de survivre. C’est alors qu’un beau matin, après une bonne cuite, il lui pousse des cornes sur la tête. Peu à peu, il va se découvrir un don : celui de faire avouer toutes les personnes se trouvant autour de lui les secrets les plus terribles et incongrus qu’ils gardent en eux.
– "Mouais… C’est Harry Potter avec des cornes de toute façon…" Tais-toi, blaireau. Harry Potter n’est plus. Depuis trois ans, Daniel Radcliffe a prouvé qu’il prenait des risques, bifurquait vers d’autres styles, tout aussi différent, pour casser son image qui, hélas, le poursuit encore. Entre un père veuf déprimé dans le très bon La Dame en noir, poète homosexuel dans Kill your darlings, ou maintenant jeune transi amoureux réclamant vengeance dans Horns, Daniel Radcliffe est en train de se forger une belle petite carrière post-magicien binoclard.
Et quand on voit sa prestation dans ce nouveau film comique/horrifique/romantique, on ne peut qu’approuver ses choix. C’est dur à admettre, surtout pour nous qui n’apprécions pas du tout son jeu (il est quand même sacrément mauvais dans Harry Potter), mais on ne peut que s’incliner devant son travail ici. On arrive à trouver quelques passages bien marquants où le bonhomme nous a franchement convaincu (la "dispute" dans le Diner par exemple).
Bien entendu, derrière cette bonne prestation, on a le savoir-faire indéniable d’un homme : Alexandre Aja. La caméra du réalisateur de La colline a des yeux sait magistralement mettre ses acteurs en valeur. Qu’il s’agisse de Radcliffe comme de Juno Temple (Killer Joe, The Dark Knight Rises), Aja les rend tout bonnement sublime. La photographie est magnifique et les plans impeccables.
Seulement, là où le metteur en scène maîtrise parfaitement le visuel de son film, il n’en pas de même pour le rythme. Car Horns s’avère être très réussi à certains moments, et carrément barbants à d’autres. La faute à quelques flash-back futiles, ou trop long, et à une tension proche de zéro. Parfois, la sauce prend, ça monte, on attend la suite avec un petit sourire béat, mais le soufflé retombe, plombé par des dialogues sans grand intérêt ou, encore une fois, qui s’étirent inutilement.
Alors qu’il y avait matière à faire quelque chose de bien plus poussé, car cette idée farfelue mais tout bonnement excellente qui sert de base au film, pourrait impliquer de grandes choses. Malheureusement, elle n’est pas parfaitement exploitée. Si l’aveu de certains secrets font rire aux éclats, d’autres auraient eu le mérite d’être bien plus extravagant, voir extrême. Horns ne va pas assez loin dans son délire, comme si Alexandre Aja ne savait pas à quel genre se cantonner : film d’enquête policière mais pas trop, romantique et lyrique sans trop en faire, comique en restant sobre…
Du coup, des moments sont très frustrants, à l’image de son acte final grand-guignolesque. L’idée est tout bonnement énorme (même si on la voit arriver à dix kilomètres), mais hélas gâchée par un on ne sait quoi qui freine le réalisateur à partir totalement en vrille. S’il avait rendu sa fin plus ravagée, plus tordue, et qu’il avait pris son pied à foutre un vrai bordel dans le récit, on aurait sûrement filé un meilleur note à ce film néanmoins très réussi.
Et, juste en passant, si Horns devient une franchise avec cette idée finale, on sera les premiers à être dans la salle.
POUR LES FLEMMARDS : Entre une beauté visuelle indéniable, un final inouï et un Radcliffe surprenant, voir même remarquable, Alexandre Aja nous frustre souvent en retenant ses coups dans tous les domaines.