Mélange sans queue ni tête ni corne

Après son jouissif et déviant Piranha 3D, Alexandre Aja continue la période américaine de sa carrière avec l'adaptation d'un livre à succès signé par le fils de Stephen King. Projet plus populaire sans doute sur le papier, d'autant que le personnage principal est confié à un Daniel Radcliffe soucieux de casser l'image lisse qui lui colle à la peau depuis qu'il a remisé baguette magique et sortilèges. L'histoire est celle d'un jeune adulte qui se retrouve accusé du meurtre de sa petite amie et qui va devenir le bouc émissaire de la ville. C'est alors qu'il se réveille un matin affublé de deux cornes diablesques ainsi que du pouvoir de faire dire aux gens ce qu'ils pensent réellement et de lire leur souvenir. Il va donc se servir de cette nouvelle faculté pour mettre la main sur l'assassin.

Il y avait donc matière à offrir un spectacle original et généreux, ce que le film fait parfois mais, force est de constater que le résultat souffre d'un excès de styles, d'envies et de références. Horns est un film protéiforme, constamment sur la brèche, ce qui finit par le desservir. En effet, il semble que Alexandre Aja n'ait pas su quel ton il souhaitait donner à son film, passant d'une seconde à l'autre de la bluette adolescente lorgnant vers le pire que peux offrir le comédie romantique pour ados et le film fantastique décomplexé. A ce titre, les scènes où Ig fait l'apprentissage de son nouveau pouvoir son souvent drôles et surprenantes dans un film américain. Mais, à peine le film semble décoller que tout est arrêté net par un changement de ton au profit d'une idée kitsch (Juno Temple dansant sur Heroes de Bowie) ou vaguement conformiste. Les dialogues sont par ailleurs globalement très mauvais (la scène avec David Morse où il se « réconcilie » avec Ig : au secours!). On sent, l'espace de quelques minutes, l'influence de John Carpenter, et nul doute que le cinéaste ait voulu retrouver l'esprit des films du maître qui savaient critiquer la société américaine par le prisme de l'horreur. Aja avait d'ailleurs réussit en parti cela dans son précédent opus, mais ne parvient pas à renouveler l'essai.

Ainsi, il apparaît de plus en plus difficile de se raccrocher à quelque chose tant les passages mielleux viennent gâcher l'ensemble. Et ce n'est pas l'interprétation qui changera quelque chose à ce mélange foutraque qui finit par ne ressembler à rien à défaut d'être original. Reste quelques idées où Aja se rappel l'amour qu'il a pour le genre mais l'ensemble est beaucoup trop bancal pour susciter l'adhésion.
ValM
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le 17 oct. 2014

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