Mis au point par un ancien ouvrier de la Troma (industrie de nanars volontaires et de films trash), Slither est un prototype de série B musclée, à base d’humour potache ou "décalé", d’effets généreux et avec caméos à la pelle (du réalisateur, de Lloyd Kaufman – le co-fondateur de Troma, de Rob Zombie). Pendant quatre-vingt six minutes, James Gunn (Super, My Movie Project) nous montre les ravages causés par un germe venu de l’Espace, contaminant plusieurs membres d’une petite bourgade rurale. Des sortes de vers gélatineux pénètrent par la bouche ceux qu’ils vont par la suite transformer en monstres à la chair anarchique, relativement conscients de leur condition et de leur humanité mais néanmoins très agressifs.
Rempli de références au cinéma d’horreur (The Thing, Tremors, Basket Case, Extra sangsues), Horribilis abonde dans le sens de l’humour, accumulant les sarcasmes vis-à-vis de ses ploucs de personnages (le Maire en particulier, sorte de cow-boy maniaque) et des répliques "second degré" de circonstance (notamment par la voix de Nathan Fillion, connu pour son rôle d’excentrique de service dans la série Castle).
Farce ou pas, c’est bien trop vulgairement appuyé et expédié : d’ailleurs dès le départ, les personnages récitent un-peu-trop le profil de leurs camarades, tandis que passées les bases du script, James Gunn avance sans vision. Son Slither emmène loin dans le gore festif, avec freaks et meurtres grotesques dans le sillage du Blob. C’est plus compliqué lorsqu’il s’agit d’appliquer son propre imaginaire : l’ensemble s’oriente plus ou moins vers une ville zombiefiée, dans un mode très classique, tandis que la source matricielle des mutants est proche du pastiche de l’inoubliable orgie organique de Society. Petite envergure et talents modérés. Que les amateurs de l’horrifique à renfort d’animaux boogeyman lui préfère Arac Attack, autrement accompli en tant que comédie et thriller candide.
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