L’appartenance générique de Slither est aussi insaisissable que ses bestioles gluantes qui glissent telles des limaces ou des sangsues gorgées de sang : horreur gore, farce sadique, romance rejouant l’univers des contes avec montre et princesse, amour tragique sur fond de rivalité triangulaire, série B voire Z invitant extraterrestres et biologie fantaisiste, chronique policière d’une bourgade tranquille marquée par la chasse et la rusticité.
James Gunn réussit un premier long métrage dans l’héritage direct de la Troma et, pour cela, exploite un nombre important de références au cinéma d’épouvante et à la culture populaire attenante : voir les deux petites filles lire Goosebumps au lit tend aussitôt à ériger Slither en déclinaison adulte ou sale gosse desdits ouvrages de R. L. Stine. Là réside la principale limite du long métrage : concevoir une esthétique sous la forme de clins d’œil multiples, au grand dam de la création pure qui, elle, n’est à chercher que du côté des trouvailles dégoûtantes. L’intrigue s’avère plutôt mollassonne jusqu’à l’arrivée des limaces et l’installation d’un rythme soutenu ; elle ne bénéficie pas d’acteurs exceptionnels, ne contribue pas non plus à les rendre mémorables – quoique le maire de la ville se distingue par une vulgarité de chaque seconde. Reste une curiosité gore à la bizarrerie plastique et numérique répugnante.