Les temps sont durs pour les morts-vivants...

Produit en 1981, ce ne sera que deux ans plus tard que Horror Star (aka Frightmare en V.O) montrera le bout de son nez sur les écrans. Sélectionné lors de la 11e édition du feu Festival international du film fantastique d'Avoriaz, il parviendra alors à trouver un distributeur pour une sortie en salles aux quatre coins du globe.

Précédée d'une piètre réputation, l’œuvre deviendra pourtant, selon les dires de son éditeur Uncut Movies, un grand classique des vidéo-clubs durant les années 1980. Un "grand classique" dont je n'avais, pour ma part, jamais entendu parler jusqu'ici. Simple argument de vente abusif ou véritable cri du cœur de l'éditeur ?... On ne le saura certainement jamais puisque ce procédé commercial fantaisiste reste aujourd'hui le principal mécanisme publicitaire de la quasi-totalité des éditeurs indépendants hexagonaux.

Du coup, que vaut le film ?... J'avoue que je m'attendais à pire puisque j'ai souvent lu dans les méandres du net qu'il est l'un des plus mauvais slashers de l'Histoire du cinéma. Mais si le scénario joue bel et bien avec les codes du slaher lors de son dernier acte, il n'en est pas un pour autant.

Horror Star est avant tout une déclaration d'amour au cinéma gothique des années 1950 et 1960 de la part de son réalisateur. Scénariste depuis le début des sixties, Norman Thaddeus Vane est une sorte de libertin qui fréquente l'entourage du magazine Penthouse et qui se voit responsable d'un mini-scandale suite à son idylle avec une adolescente de 15 ans, alors que lui en a presque 40. Cette effusion à son égard, qu'il juge amusante, lui permet de scénariser sa propre relation avec la jeune fille. Ce qui donnera naissance au film L'Ange Et Le Démon, mis en scène en 1969 par Richard Donner avec Susan Georges et Charles Bronson dans les rôles principaux.

Mais hormis les relations sexuelles avec de très jeunes personnes, ce qui passionne Vane est le cinéma gothique et tout particulièrement le comédien Christopher Lee qu'il vénère tel un dieu vivant. Alors quand il voit l'opportunité de réaliser un long-métrage à l'aube des années 1980, il écrit un rôle sur mesure pour son idole... qui exigera un cachet trop important aux yeux de la production.

Acteur vieillissant et mégalomane, Conrad Ragzoff organise sa mort de façon somptueuse et repose dans un gigantesque mausolée où son nom clignote en néon sur la devanture. Là, de jeunes admirateurs de l'acteur décident de profaner sa sépulture et de ravir son corps qui servira d'ornement majeur à une petite fête impromptue. Mais la veuve du vieil acteur, aidée d'une amie médium, parvient à faire revivre le défunt qui peut alors se venger de celles et ceux qui l'ont ridiculisé...

Sous la férule d'un grand cinéaste, un tel synopsis pourrait être jubilatoire à l'écran. Le problème est que Norman Thaddeus Vane est loin, très loin même, d'être un grand cinéaste. Le résultat se voit donc dévasté par de mauvais choix qui s'accumulent tout au long du métrage malgré quelques bonnes idées clairsemées. La meilleure de ces idées reste certainement le personnage d'Eve, incarnée par Carlene Olson (alors épouse de Michael Biehn), jeune femme gérontophile et nécrophile qui n'hésite pas une seule seconde à profiter du cadavre de Conrad Ragzof pour exacerber ses sordides fantasmes. L'atmosphère malsaine déployée par le cinéaste lors de cette scène est malheureusement ternie par un humour noir de bas étages servi par des dialogues insipides. Dommage.

L'autre bonne idée est d'avoir casté ce bon vieux Ferdy Mayne, croisé dans Le Bal Des Vampires (Roman Polanski - 1967), la production Hammer The Vampire Lovers (Roy Ward Baker - 1970) ou encore Barry Lyndon (Stanley Kubrick - 1975). Ayant parfaitement assimilé qu'il rend ici hommage à Bela Lugosi (acteur mégalomane starifié avant d'être meurtri par le métier et achevant sa vie dans une incommensurable aigreur), Mayne en fait des caisses à l'instar de Lugosi et devient hilarant lorsqu'il imite le célèbre acteur hongrois en usant de mentalisme avec un sérieux confondant pour assassiner ses victimes.

Stagnant entre la comédie noire et le film d'horreur gore, Horror Star reste perpétuellement le cul entre deux chaises et ne convainc donc jamais pleinement. Restent également beaucoup trop de scènes qui érigent l'apologie de la lenteur jusqu'au plus haut podium de l'ennui et l'erreur de créer le couple de héros avec les deux plus mauvais acteurs de la troupe. Jeffrey Combs, ici à ses débuts, et Carlene Olson étant les meilleurs comédiens de cette bande de jeunes aussi immatures que barbants, n'ont malheureusement pas l'opportunité de déployer tout leur talent en se voyant rapidement éliminés.

Écrit avec les pieds malgré quelques bonnes idées, filmé sans enthousiasme et monté avec une mollesse battant le record du monde de l'apathie, Horror Star n'a absolument rien du "classique" annoncé par son éditeur. À 25€ (+ 6.50€ de frais de port), vous pouvez largement vous abstenir d'acquérir le Blu-ray et attendre que le film soit prochainement proposé sur une plateforme.

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le 10 août 2024

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