Unique. Poétique. Onirique. La première chose que j'aurai à dire concernant ce film, c'est que ses musiques sont sublimes et enivrantes ; on se sent transportés dans l'univers irréaliste de cette jeune femme atteinte d'une maladie mentale. Dans le film, la psychologie du personnage et l'évolution de la maladie sont montrées avec brio ; de l'onirisme, de la poésie, une histoire romancée, mais juste ce qu'il faut pour ne pas tomber dans l'idéalisation ou dans la glamourisation des troubles mentaux. Ca y va crescendo, et la perte de ses repères dans le temps associée à ses passions en fait une personne unique ; en effet, elle n'est pas un prétexte pour faire un film sur les maladie mentales, elle est un personnage à elle toute seule, et elle est mise en avant. D'abord, les symptomes négatifs, puis les positifs, s'installant petit à petit comme étant des éléments de sa propre réalité...les émotions sont brutes, et les lumières et scènes subliment le tout. Finalement, on peut se dire qu'à la fin on reste dans une sorte de doute, tout de même ; est-ce une métaphore, est-ce sa maladie qui veut cette scène de fin où elle se met à léviter puis à disparaître dans le ciel ?
De plus, j'avoue que mon petit penchant pour les films qui se passent à cheval (XD) entre plusieurs époques a été ravi, puisque la protagoniste, avec sa perte de repères, se retrouve à penser qu'elle EST sa grand-mère ; elle finit donc par s'habiller comme elle (et le look des années 50, on va pas se cacher que j'adore ca). Elle ne semble être apaisée que par certaines choses, comme il est de mise dans pas mal de troubles, et cela a été judicieusement bien exploré à l'écran.
Par exemple, la mise en lumière de ses besoins sensoriels spécifiques en période de crise.
Attention cependant, le réalisme de ce film peut en heurter certains, celui-ci étant un peu compliqué à appréhender psychologiquement parlant. Ca fait du bien de pouvoir avoir une belle histoire à regarder, qui soit à la fois poétique et bien représentative, chose qui arrive peu. Le jeu d'acteur est bon, et la psychophobie en général (on pourrait aussi parler de psyvalidisme) est très bien scénarisée ; on se rend compte alors que c'est possible d'avoir des films qui montrent la violence que c'est de vivre en société lorsque l'on a un trouble mental. Un film génial que je recommande vivement, avec une belle narration dans le déroulement des faits.
Le seul petit bémol que j'aurais à apporter, c'est que finalement, étant une grande curieuse, je me demande de quoi était-elle atteinte, cette Sarah ? Etait-ce un trouble du spectre de la schizophrénie, ou une autre psychose ? C'est dommage de rester sans réponse claire, surtout par rapport à son passé et à celui des autres femmes de sa famille. (Même si la schizophrénie est lourdement sous-entendue, c'est dommage de rester dans le vide comme ca).