Retour à la terre
Histoire d'un aller simple, Hostiles s'impose comme une ode au genre western qu'il investit, qu'il anime, qu'il magnifie. Scott Cooper a tout d'un grand et continue de questionner, tout au long de sa...
le 14 mars 2018
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Quatrième film de Scott Cooper, Hostiles nous emmène en 1892, au Nouveau-Mexique. La fameuse "Conquête de l'Ouest" est déjà largement entamée, néanmoins, les "accrochages" entre les forces gouvernementales américaines et les tribus indiennes restent courants.
Cette année là, le capitaine Joseph J. Blocker est sommé, sur ordre du président américain en personne, d'escorter le chef Cheyenne Yellow Hawk, mourant, jusqu'aux terres sacrées de sa tribu, bien plus au Nord, dans le Montana.
Une nouvelle qui ne ravit guère le militaire, dont de nombreux camarades sont tombés au cours des violentes oppositions entre les deux camps. Menacé de cour martiale, il prend néanmoins le commandement de cette expédition qui va les mener dans un long périple à travers des territoires encore largement sauvages.
Le premier constat que l'on peut faire du film, c'est sa capacité à nous immerger dans l'ouest américain de la fin du XIXe siècle. On a aucun mal à s'y projeter tant les lieux visités sont crédibles. Christian Bale, lui, est tout simplement excellent dans son rôle de militaire bourru et manifestement élevé à la dure. Il se fond parfaitement dans le contexte de l'époque, où l'on imagine bien que les conditions de vie étaient spartiates, les loisirs quasiment inexistants et l'environnement souvent hostile. Un monde où les faibles ne font pas long feu.Un monde qui ne laisse pas de place au superficiel. Cela, le film le traduit parfaitement, à l'image de ce qu'était déjà parvenu à faire l'excellent The Revenant en 2016.
L'autre grand point fort de l'oeuvre de Scott Cooper, ce sont les paysages qu'elle nous offre. Les étendues sauvages de l'ouest américain sont merveilleusement mises en valeur et on ne peut qu'être subjugué par le spectacle!
Max Richter, lui, confirme son talent, avec une très belle BO qui magnifie l'ensemble.
De ce superbe voyage, on ne pourra que regretter son déroulement assez prévisible, et peut-être aussi, ces sentiments que le réalisateur semble vouloir arracher aux spectateurs, en lorgnant parfois, avec un sentimentalisme un peu too much.
Si le message du film pourra paraître démago à certains, il n'en reste pas moins qu'Hostiles parvient à dépeindre avec un certain brio, un pan de l'histoire des Etats-Unis qu'on nous présente encore aujourd'hui, de manière souvent binaire. On y voit ici une réalité plus complexe, avec des hommes, des femmes et des enfants brisés et victimes d'enjeux qui les dépassent, quelque soit le "camp" auquel ils appartiennent. Des personnages qui, en voyageant ensemble, vont apprendre à découvrir l'autre, à essayer de le comprendre et à voir au-delà du prisme du "blanc" et du "sauvage".
Si le genre Western est désormais loin de son âge d'or, on ne peut que constater qu'il semble revivre ces dernières années, avec des productions peu nombreuses mais de grande qualité. Hostiles fait partie de celles-là.
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Créée
le 2 avr. 2018
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