C'est l'été, l'air est chaud, les femmes dévoilent leur gorge blanche et leurs jambes galbées, les phéromones passent à l'attaque... Bref, l'excitation est à son comble. Dans cette atmosphère suffocante, un petit malfrat, arrivé par hasard dans une ville paumée au milieu de nulle part, va vite s'enticher de deux superbes créatures aussi différentes l'une de l'autre, et au passage s'attirer des ennuis dont il sera rapidement impossible de se dépêtrer (mais l'un va t-il sans l'autre ?).


Dans ce thriller au rythme lent et à l'atmosphère envoûtante, véritable hommage aux films noirs de la belle époque, Dennis Hopper met en scène une terrible histoire d'adultère et de chantage, mais aussi une très belle galerie de personnages mystérieux aux motivations plus que troubles, entourant un anti-héros nonchalant qui n'a pas peur de se laisser guider par ses pulsions.


Hot Spot illustre à merveille le pouvoir d'attraction de la (jolie) femme sur l'homme, jusqu'à lui faire perdre la tête et le rendre faible. Pour cela, un duo d'actrices de choc à se damner. La très jeune Jennifer Connelly prouve déjà son talent à travers ce personnage de femme douce mais torturée par un lourd secret, tandis que Virginia Madsen campe le fantasme masculin absolu dans son rôle de blonde fatale n'ayant qu'un objectif en tête : soumettre le héros par une séduction rentre-dedans, mais pas que...


Le démarrage prend son temps, les protagonistes arrivent au compte-gouttes, mais l'intrigue passionne vite, d'autant plus qu'elle est à tiroirs et stimule l'imagination. Si bien que l'on ne voit pas les 2 h 10 passer, en particulier lors de la seconde partie du film, plus agitée, qui apporte son lot de scènes intenses et pleines de tension.


À noter aussi la présence d'une partition musicale (en grande partie constituée de vieux blues lents) efficace et bien dosée, c'est à dire qui sait se faire discrète quand il faut et qui revient toujours à point nommé. Soulignons aussi une photographie des plus soignées et de grande qualité.


Un regret toutefois : c'est dommage que le réalisateur ne soit pas aussi passé devant la caméra pour camper le rôle principal, cela aurait certainement donné un héros plus mémorable. Il est clair que Don Johnson n'est pas mauvais, mais voilà quoi...


Avec son scénario malin et son atmosphère teintée d'érotisme tout aussi étouffante que pesante, Dennis Hopper signe un polar singulier qui ne ressemble à aucun autre. Il est donc d'autant plus regrettable que ce petit bijou de film noir moderne ne soit pas plus connu.

Libellool
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le 8 mars 2014

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