Pour Harry Madox, c'est un vrai cas de conscience. Qui de la femme fatale, qui fait monter la température d'un simple mouvement de robe, ou de l'ingénue secrétaire au charme renversant, aura ses faveurs : voilà ce qui pourrait résumer The Hot Spot, un thriller Néo noir qui se vendait lui même comme porteur d'un érotisme brûlant. L'accroche est forte en promesses, remplies pour la plupart; l'hommage que rend Hopper au film noir est en effet empreint de moments générateurs d'une belle énergie érotique, qui est due en grande partie à sa façon très inspirée de filmer les corps.
Ceux des renversantes Virginia Madsen et Jennifer Connelly en particulier. Hopper apporte un soin particulier à dévoiler ses deux muses, d'une manière différente pour chacun d'elle mais toujours avec une belle sensibilité qui empêche les séquences les plus chaudes de tomber dans le graveleux, bien au contraire. Chaque effeuillage entrepris par Virginia Madsen est mis en lumière avec délicatesse, l'actrice parvient à trouver un bel équilibre entre distinction et provocation. Jennifer Connelly quant à elle joue à merveille l'innocence de sa jeunesse, et Hopper la met en valeur dès qu'il le peut sans crier gare, exploitant, sans retenue, la plastique parfaite de sa jeune actrice, presque malgré elle.
Au contact des deux ensorceleuses vient se perdre Don Johnson, tour à tour proie et victime d'un jeu de séduction qui se trouve être le ciment du film. The Hot Spot n'est pas vraiment un thriller, il est pour moi un représentant pur et dur du film noir moderne. La tranche de vie d'un homme apathique, qui ne manque pas de tempérament et perd rarement son sang froid, mais qui, au contact d'une femme fatale faussement naïve, va tomber dans les travers qu'il avait jusque là déjoué. A ce titre, la fin est très réussie, surprenante parce qu'elle est à la fois triste et joyeuse, même si très noire parce qu'elle est l'illustration parfaite que l'esprit le plus vicieux aura toujours ce qu'il désire.
Il ne manque au film de Hopper qu'un soupçon de personnalité dans sa mise en scène pour achever de me convaincre. En l'état, elle est un peu trop classique et manque de fougue dans sa caractérisation des différents personnages, et plus particulièrement de Harry Madox. Le cinéaste était probablement trop envoûté par les présences magnétiques de ses deux atouts charmes, pour preuve, les meilleures scènes de The hot spot sont celles qui leur laissent le champ libre pour ensorceler un spectateur qui peut alors se rincer l'oeil avec gourmandise (sic !).