D'apparence, le dispositif est assez simple : Un hôtel où vont se croiser cinq protagonistes dont trois de la même famille, les retrouvailles ou rencontres vont laisser place à d'autres sentiments et réflexions, ainsi qu'une poésie se mêlant doucement à la mélancolie.
Avec Hotel by the River, Hong Sang-soo semble aborder de nombreuses thématiques, mais jamais réellement frontalement, préférant les laisser mûrir au gré de réflexions ou de poésies. La mort se trouve aux deux extrémités du métrage et, en partant d'elle, il va mettre en scène la transmission, les liens particuliers d'une famille avec, à la fois, profondeur et légèreté. Enfin, derrière ces thématiques, l'auteur va digresser sur la culpabilité, la fuite, la solitude ou encore les regrets (ou non).
C'est la particularité d'Hotel by the River, des moments profonds vont précéder des plus légers, voire même drôles, tout simplement, à l'image d'un père offrant des peluches à ses deux fils adultes, alors que la scène qui suivra retrouvera un ton plus grave. Les deux intrigues qu'il met en scène bénéficie de ce même traitement, et si elles se croisent lors de quelques séquences, elles vont apporter différentes facettes à l'oeuvre. Hong Sang-soo joue aussi avec la proximité que l'on trouve entre la famille et les deux jeunes femmes, et ce tout le long du film, même lorsque celui-ci s'éloigne de l’hôtel.
S'il instaure dans son oeuvre de nombreuses réflexions, l'auteur n'oublie pas de marquer les esprits, sans alourdir le fond. De ce point de vue, toute la dernière partie au restaurant est remarquable, que ce soit lorsque l'alcool délie les langues ou lors d'un poème dressant un constat triste sur notre temps, ou tout simplement lorsque des larmes en révèlent bien plus que les mots. Pour cela il bénéficie aussi de très bons comédiens, que ce soit Ki Joo-bong lorsqu'il s'agit d'envolée lyrique ou Yu Jun-sang lorsqu'il dit enfin à son père ce qu'il a sur le cœur.
Si Hotel by the River marque par ce qu'il dit, suggère ou apporte en réflexion, c'est aussi dans sa forme qu'il va être saisissant, cet ensemble formant une alchimie. La poésie trouve une continuité dans les plans enneigés ou lorsque sont dévoilés deux anges vus pour la première fois, l'épure narrative se ressent aussi dans les mouvements, même très légers, de caméra. Ainsi, il n'y a plus que la poésie et les personnages. Hong Sang-soo nous invite dans l’hôtel, nous y installe et l'on vit ce qu'il met en scène, on cherche, comme le protagoniste, une voie qui pourrait s'offrir à lui et on s'émeut autant que l'on pense à ces nombreux mots ou vers qui résonnent encore.
Avec Hotel by the River, Hong Sang-soo trouve une osmose entre pensées et émotions ou profondeur et légèreté, ses thématiques trouvent une résonance forte dans la richesse des personnages, des mots et des paysages qu'il met en scène, avec autant de lyrisme que d'épure. Somptueux.