Dans la très dense filmographie de Hong Sang-Soo, Hotel by the river se distingue de plusieurs manières.
Ici, pour une fois, il n'est pas vraiment question de rapports amoureux (tous les personnages sont seuls, séparés, divorcés, célibataires ou veufs). Plusieurs des motifs habituels du cinéma de HSS sont par ailleurs absents : pas de découpages en plusieurs parties distinctes, pas de légèreté incisive dans les dialogues, peu de lâcheté et de ridicule.
Hotel by the river est marqué par une sorte de gravité qui est assez peu courante dans le cinéma du cinéaste coréen, une gravité qui n'est ni plombante ni superficielle : juste poétique et parfois presque métaphysique.
Le film se situe en effet sur une ligne de crête qui sépare la réalité brute de l'onirisme feutré. On peut le voir comme la représentation naturaliste de destins qui se croisent dans un hôtel quelconque, ou comme une métaphore d'un état ou d'un lieu qui pourrait être totalement rêvé ou imaginaire, sorte de limbes ou de purgatoire.
Le film regorge de détails qui tendent à prouver que ce qu'on voit ne correspond pas à la réalité : plusieurs personnes qui se trouvent dans la même pièce sans se voir, une baisse brutale de température, un personnage invisible mais déterminant (le patron de l'établissement), une chute de neige incroyablement rapide, des comportements étranges, des pressentiments qui se réalisent.
L'art subtil de HSS se déploie ici avec un degré de maîtrise et de profondeur inégalé à mon sens, vertige quasi lynchien ou fable poétique, suivant le degré de concentration du spectateur.
D'autres critiques de films de HSS : http://www.christoblog.net