Hôtel du Nord est l’un des grands films de Marcel Carné. Son succès tient à la qualité des dialogues écrits par Jeanson et dits par des acteurs excellents dont en premier lieu : Arletty. Par exemple : « Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ? » Dans une autre bouche que celle d’Arletty ce serait peut-être tombé à plat, mais dans la sienne c’est devenu une réplique mythique ! Il y a aussi le banquet de communion qui ouvre le film, permettant de faire connaissance avec les personnages et qui nous offre un festival de répliques savoureuses.
Arletty, avec sa gouaille parisienne, et Louis Jouvet avec sa classe teintée de tristesse créent tout l’intérêt du film. Mais également les personnages secondaires, représentants des braves français : le couple d’aubergistes, l’éclusier consciemment cocu, interprété par un Bernard Blier en début de carrière. Je suis plus réservée sur Annabella et Jean-Pierre Aumont dont je trouve le jeu trop forcé et artificiel. Mais il faut dire que je n’ai pas de goût pour les personnages « exaltés ».
L’essentiel de l’action se passe dans un hôtel où se jouent des drames pouvant virer à la tragédie. L’intrigue est une suite d’actions et de contre actions, de décisions qui ne sont pas portées jusqu’au bout par les personnages principaux, jusqu’à ce que l’un d’eux, le plus taciturne, aille au bout… tandis que les autres poursuivent leur route légers et insouciants…
Réalisé en 1938, un an avant le début de la seconde guerre mondiale, nous voyons les français profiter sans le savoir de leurs derniers mois d’insouciance, lors du grand bal du 14 juillet. Ce film est un témoin de la fin des années 30.