Hôtel Transylvanie
6.1
Hôtel Transylvanie

Long-métrage d'animation de Genndy Tartakovsky (2012)

Les monstres sont persécutés et incompris des humains depuis la nuit des temps. C'est donc pour leur offrir tranquilité et paix que le comte Dracula à ouvert l'Hôtel Transylvanie. 180 ans plus tard, sa fille fête son anniversaire et tous les monstres sont conviés...plus un invité surprise qui n'est autre qu'un humain !

En 1995, lors de la sortie de Toy Story, il devenait limpide que l'animation 3D serait le futur du cinéma d'animation, voire du cinéma de divertissement tout court. 18 ans plus tard, alors que le genre atteint sa majorité, la prédiction s'est réalisée mais le bilan est moins reluisant que prévu. Certes, on a connu d'excellentes années (Merci à Pixar pour sa moisson de chefs-d'oeuvres) mais depuis un certain temps, il faut avouer qu'il y a quelque chose de pourri au pays de l'animation. Regardez 2012 : Rebelle est une incroyable déception, Les cinq légendes se sont vautrés, Madagascar 3 vire à l'hystérie, L'âge de glace IV n'a aucun intérèt,.... Il n'y a guère que Les mondes de Ralph pour relever le niveau. Et pendant ce temps, l'animation 2D disparait petit à petit et la stop-motion enregistre des scores inversement proportiennels à la qualité des oeuvres (Frankenweenie, L'étrange pouvoir de Norman et Les pirates sont vachement chouettes mais ne rapporte pas un copec). En attendant Monstres academy (oui il y a aussi Les Croods de Dreamworks mais ça se profile comme une belle daube), c'est Hôtel Transylvanie qui ouvre le bal des vampires de l'animation 2013. Où l'art de faire du neuf avec du vieux en revenant aux fondamentaux !

Car si il y a bien une manne dans le cinéma d'animation actuel, c'est le cartoon. Comme un retour aux sources, les grands studios semblent avoir ré-ouvert le coffre aux trésors et redécouvre toute la grammaire de Tex Avery, Disney et la Warner pour l'injecter dans leurs productions. La conséquence ? Une inventivité exponentielle des animateurs ! En cela, Madagascar 3, même si il part dans tous les sens jusqu'à l'épuisement, est complétement imbibé de la frénésie cartoonesque tandis Scrat pérennise à lui tout seul l'héritage.

Hôtel Transylvanie, lui, franchit encore un palier en étant un cartoon d'une heure et demie. Constamment en mouvement, carburant à l'énergie au point de parfois être épuisant, le film déballe gags sur gags sur gags avec une seule idée en tête, ne jamais laisser le soufflé retombé. Et il y parvient plutôt bien par son inventivité constante, que ce soit en termes d'humour, de personnages, de situations ou simplement de mise en scène. Le choix de Genddy Tartakovsky (Le laboratoire de Dexter, la première version de Star Wars – Clone Wars,...) à la réalisation est en cela un grand plus, lui dont la spécialité est justement l'exploration des arcanes du cartoon.

Au détour de quelques interviews, ce dernier a même exprimé son regret que le film ne se soit pas fait en animation traditionnelle pour appuyer cette démarche néo-cartoonesque. Et bon dieu les mecs de chez Sony, quand vous avez un créatif comme ça, écoutez-le ! Car encore une fois, Sony Pictures fait un film laid, très laid ! Le design des personnages est absolument affreux et complétement inadapté à un traitement en 3D. L'animation de tout ça reste heureusement de qualité (après tout Sony à la même puissance de feu que les autres) mais c'est toujours en termes de conception d'univers que le studio pêche. C'est moche, point barre. La 2D, voire la stop-motion, était clairement un terrain de jeu plus à même de servir les nombreuses et bonnes créations que recèlent le film. Mais que voulez-vous ma bonne dame, les chiards ne veulent plus voir de "vieux" dessins animés...faut que ce soit en images de synthèse et en 3D sinon Kevin ne viendra pas ! Triste loi du marché qui donne envie de coller des claques aux mouflets !

Mais bon, au delà de ça, y'a quand même des personnages sympathiques, une moisson de gags, des idées à chaque plan, une énergie communicative et une mise en scène pas dégueu donc que demande le peuple ? Une histoire peut-être.... Car c'est aussi là que le bas blesse : Sans structure, la profusion cartoonesque se résume vite à des gesticulations dans le vide. Hôtel Transylvanie ne dure pas 5 mn mais 1h30...

Et la même semptiternelle putain d'histoire de se répèter ! Avec les millions dépensés pour ce type de productions, personne ne trouve judicieux de booster ce qui reste l'essentiel, ce qui coûte le moins cher : un scénario ! La structure scénaristique est en carton, les enjeux sont nazes et clichetonneux et l'émotion n'arrive jamais à poindre autrement qu'en mode guimauve. Ce marasme narratif, bien que bourré d'idées intéressantes, chausse ainsi des gros sabots et devient hyper-prévisible, notamment dans une deuxième partie qui ne bénéficie pas du rythme de la première pour pallier les carences. Et paradoxalement cette première partie, entiérement basée sur une mécanique cartoonesque, soit la répétition d'un leitmotiv, ne s'avère jamais répétitive ou ennuyeuse. Les trajectoires des personnages sont très mal gérés, surprivilégiant le triangle Dracula, Mavis et Jonathan tout en laissant l'impressionnante galerie de monstres jouer les faire-valoirs gaguesques. Le syndrome Dreamworks dans toute sa splendeur...

A terme, il apparait donc que Sony délivre encore un prototype, tente un film d'animation différent mais ne se donne pas les moyens de vraiment décoller en termes de design et surtout d'histoire. D'où une succession de péloches innofensives et parfois sympatoches (Tempête de boulettes géantes) mais aucun film vraiment marquant. Hybridation étrange d'un studio piégé entre son petit avant-gardisme, ses obligations commerciales et une dramaturgie poussièreuse. Et pourtant, quand on voit Hôtel Transylvanie, on ne peut que se prendre à réver d'une série animée aussi inventive et délirante, débarassée des obligations graphiques et narratives contemporaines et génériques d'un long-métrage d'animation. En l'état, les marmots et leurs parents devraient passer un bon moment mais guère plus.
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6
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le 26 févr. 2013

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Adrien Beltoise

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