La saga, avec sa genèse, ses suites, ses histoires annexes des personnages secondaires déclinables sur tous les formats, semble être l'effet de mode le plus rentable de ces dernières années. Sony n'est pas en reste, l'originalité n'étant pas son mot d'ordre. Nous voilà donc devant la suite des aventures du comte Dracula et des ses hôtes farfelus.
On sort le marteau-pilon pour nous faire intégrer que les choses ont changé. Un vent nouveau souffle sur la Transylvanie. Les monstres entretiennent leur capital sympathie à grands coups de selfies et l'Hôtel Transylvania s'est ouvert aux humains et à la modernité sous l'impulsion de Johnny. On en retiendra surtout que s'ouvrir au monde, c'est acheter plein de gadgets et rester hyper-connectés... Bien à l'abri derrière de hauts murs. Car près de six années ont passé et nous retrouvons nos deux tourtereaux qui ne semblent pas avoir posé un orteil hors de l'hôtel. Les envies de voyages, la soif de découverte, l’irrépressible besoin de voir le monde, tout ça a été étouffé par ce cher rêve américain. Mavis se consacre sagement à sa progéniture tout en gardant - curieusement - sa panoplie d'adolescente. Et notre vampirette qui prône l'amour et la tolérance rêve d'une vie de banlieue pour son chérubin dont les canines tardent à pousser. Car tout ça est affaire de mordant. Si vampire tu es, en Transylvanie tu resteras. Si les crocs ne te poussent pas, au soleil californien tu bronzeras. Chacun chez soi, s'il vous plaît.
Il est d'ailleurs triste de voir Mavis renier son vécu, son passé, sa nature profonde et sa propre éducation dans celle de son fils, célébrant les émissions bêtifiantes et les protections enfant.
Une évolution superficielle qui fait marche-arrière...
De même, il est facile pour Dracula de déclarer un amour inconditionnel à son Denis(ovitch) de petit-fils une fois les quenottes sorties. D'autant qu'il était persuadé d'emblée de la pérennité de son sang.
Je fais ici une petite parenthèse sur l'agaçante présence de gadgets en tout genre. Une bonne partie des ressorts humoristiques de ce film repose sur la technologie et des phénomènes de mode qui sont - espérons-le du moins - passagers et tomberont bientôt dans l'oubli. On peut se poser la question de "l'intemporalité" de l'humour (en plus de l'outrageux placement de produits). Que penser de la durabilité de ces effets comiques qui ne reposent que sur des phénomènes éphémères? Ne peut-on pas inscrire un film dans son époque sans le surcharger d'effets de mode?
Retournons à nos péripéties (en principe) monstrueuses. Si on peut saluer l'écho discret du premier film dans le fatidique anniversaire, on est surtout écrasé sous une avalanche d'effets de style, et l'animation s'en ressent. Le fond de l'histoire est bien mince, la plupart des rebondissements n'étant finalement que des gags interchangeables et monotones.
L'antagoniste arrive trop tard pour avoir un réel impact sur l'histoire et les personnages tournent en rond, sans évoluer d'un iota. Hôtel Transylvanie n'offre donc aucune nouveauté dans ce second volet, et n'arrive même pas à étayer son univers avec quelques petites originalités. Cette suite n'arrache finalement que quelques sourires un peu forcés et l'envie de mettre le feu à de jolies clôtures blanches.
Dracula a perdu beaucoup de sa superbe....