A Alger de nos jours Houria est femme de ménage le jour mais surtout une danseuse classique de talent qui prépare sous la direction de sa mère metteuse en scène un spectacle inspiré du Lac des cygnes.

La nuit, elle participe à des paris clandestins et assiste à de violents combats de boucs répondant aux noms charmants de Poutine, Ben Laden, Trump ou Obama. Cela donne lieu à de charmantes répliques telles que "Trump s'est échappé... Obama va prendre sa retraite"...

Un soir, Ali, un sale type observe qu'Houria a gagné gros. Il la suit et l'agresse violemment pour lui voler son butin. Gravement blessée, après un séjour à l'hôpital, elle va devoir réapprendre à marcher, se reconstruire physiquement mais aussi psychologiquement. Elle comprend que ses rêves de danse classique sont anéantis et suite à ses blessures ou au traumatisme de l'agression, elle ne peut plus parler. Lors de ses séances de rééducation, elle croise la route d'un collectif de femmes également brisées par différents drames. Ensemble, elles vont s'unir pour tenter de se "reconstruire". Houria va les initier à la danse. Cet art va les aider à surmonter leurs traumatismes.

Comme pour Papicha, son précédent et premier film, la réalisatrice a fait appel à la merveilleuse Lyna Khoudri et comme pour Papicha, je suis restée sur ma faim. J'en ai presque honte face une nouvelle fois à la générosité du projet. Le début du film est très prometteur puis il se met à suivre une multitude de pistes et de sujets et frustre d'en abandonner certains en route. Notamment celui du personnage d'Ali, terroriste repenti mais toujours grand délinquant parfaitement connu des services de police qui le remettent pourtant en liberté. La police est montrée comme parfaitement incompétente avec une forte propension à la paresse même si (bien que ?) la cheffe de la police est une femme.

Surgit également une avocate ex militante des droits des femmes dont la réalisatrice ne fait rien comme encombrée par ce personnage. Et toute cette joliesse du groupe de femmes qui danse pieds nus dans de jolis voilages au bord de l'eau en riant de toute cette complicité finit un peu par sonner faux. Ce qui n'est sans doute qu'une impression car on ne peut mettre en doute la sincérité. Mais faire du joli avec tant de peine et de luttes, parfois ça ne va pas ensemble.

Contrairement à Papicha la réalisatrice laisse une minuscule place à quelques hommes qui ne ressemblent pas à des prédateurs ou des gros enfoirés mais on sent bien que cette partie de l'humanité l'embarrasse un peu. L'apparition de ces hommes qui aiment regarder danser les filles (sans avoir envie de les attendre à la sortie pour les agresser) ressemble plus à des sketches sensés être drôles. Finalement en ratissant si large elle laisse en retrait puis finit par abandonner le personnage de la magnifique et si rare Rachida Brakni tellement émouvante et combattive dans le rôle de la mère d'Houria, ce qui est presque impardonnable tant elle est merveilleuse.

La réalisatrice aime à la folie son actrice principale, on la comprend et on partage son amour tout comme on comprend qu'elle ait envie de parler de la place des femmes bien malmenées dans son pays mais...

Créée

le 23 mars 2023

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