House
7.1
House

Film de Nobuhiko Ôbayashi (1977)

Comment raconter une histoire de fantôme?
Dans le fond, depuis la nuit des temps chacune de celles-ci renvoie dans les grandes lignes aux mêmes thèmes bien connus (notamment les regrets, voire les traumas qui imprègnent et souillent le quotidien de sujets et teintent leur perception du monde, les en marginalisant).
Qu'en est-il alors du fond de Hausu? Il est fidèle à ce concept, mais avec un minimalisme exacerbé. Une fois résumée, l'histoire se veut aussi insipide que n'importe quel patron du genre raconté au coin du feu ou écrit dans un conte pour enfant.
Seulement Hausu est avant tout un film et la fadeur de son fond met en avant par contraste sa forme transcendée.
Si vous choisissez un medium par rapport à un autre pour tenir un propos il faut en tirer parti. Cette œuvre le fait avec une violence inouïe en charcutant tous les codes qui polissent habituellement un produit, tout en incluant la plupart des clichés hollywoodiens.
Le synopsis : un groupe de jeunes archétypaux se rendent dans une maison hantée, point. On s'en fout.
Mais alors que dans un film normal un " bon " montage est censé fluidifier l'immersion du spectateur sans se faire remarquer, ici c'est l'anarchie du découpage qui vole la vedette aux priorités communément admises.
L'idée de " suspension consentie de l'incrédulité " est inenvisageable pour celui qui tente de suivre ce à quoi il assiste ici. Le découpage est éclaté, véhément. Si le réalisateur se veut admoniteur en soulignant un détail important il le fait avec une force qui occulte tout le reste de l'écran, sortant carrément l'élément du contexte en noircissant le reste du cadre, ou il gèle le reste de la trame pour que l'on s'attarde sur le mouvement d'un foulard et le sens poétique que ça pourrait avoir... si je devais décrire textuellement la moitié des choix formels je perdrais la raison, je n'ai même pas égratigné la surface.
L'histoire " primaire " est transcendée par cette mise en scène et ce découpage explosifs qui nous plongent dans un état d'esprit qu'on imagine paradoxalement proche de celui de ces personnages plongés dans l'horreur. En faisant fi d'une immersion classique on nous immerge autrement et sans concupiscence.
En résumé Hausu raconte comme uniquement un film - et aucun autre medium - ne pourrait le faire, sans pour autant le faire comme aucun autre film.

Créée

le 12 févr. 2017

Critique lue 332 fois

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Nhoj

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