Chronique d'une fin de règne (et de race)

House of Gucci raconte l’empire familial qui se cache derrière la célèbre marque de luxe italienne. Le récit s'étend sur trois décennies de passions, trahisons, décadence, vengeance pour se terminer par un meurtre.

House of Gucci est un biopic de Ridley Scott sorti en 2021. House of Gucci est tiré du livre La Saga Gucci de Sara Gay Forden publié en 2001.

C'est le second film de l'année du réalisateur après Le dernier duel.
Le monde s'est arrêté durant près de 2 ans avec la crise du COVID mais cela n'a ralenti en rien la verve créatrice du réalisateur d'Alien et de Duellistes.

Grandeur et décadence de la maison de mode Gucci

House of Gucci aborde les questions de la mode et de l'héritage. Au milieu des années 70 si insouciantes, Gucci occupe une place importante dans le monde de la mode. Rodolfo, Aldo Gucci et leur famille vivent dans le luxe et l'opulence. Leur prospérité repose sur l'entreprise familale consacrée à la maroquinerie de luxe et autres parfums créée dans les années 20 par Guccio Gucci.
Rodolfo et son fils Maurizio Gucci vivent dans une somptueuse villa à Florence.
Le film est centré sur la romance entre Patrizia Reggiani et Maurizio Gucci. Ces deux là se rencontrent lors d'une soirée privée dans une boite de nuit.
Maurizio Gucci est un jeune étudiant en droit que Patrizia Reggiani, secrétaire dans l'entreprise de transport routier de son père, visiblement experte dans les "choses de l'amour", n'a aucun mal à séduire. Le "grand dadais", tombe dans le piège et lui propose le mariage, au "grand dam" de son père qui "coupe les ponts " avec lui.
De l'autre coté de l'Atlantique, Aldo Gucci fait tourner les boutiques de la marque et tente de freiner, tant bien que mal,les ardeurs de son fils Paolo qui se prend pour un génie de la mode. Avec les années, les choses vont considérablement se compliquer pour l'empire Gucci. Si Rodolfo et Aldo n'étaient pas des surdoués, leurs progénitures sont encore moins inspirées. Quant à Patrizia, la belle fille, elle va semer la zizanie dans le clan.
Au vu du film, il semblerait que le talent de Guccio Gucci ait donc "sauté" plusieurs générations.

House of Gucci ne m'a pas convaincu pour les raisons suivantes.

La description d'une maison de mode, un bon sujet pour un film?

House of Gucci dure plus de 2h30. Réaliser un film autour du sujet de la mode est il réellement une bonne idée? Après le visionnage de ce film, je répondrai par la négative. De nombreuses séquences domestiques tournant autour des innombrables problèmes des protagonistes sont inutiles mais servent à remplir le vide qu'aurait ressenti le spectateur s'il avait dû se "farcir" des défilés de mode et des assemblées générales d'actionnaires durant plus de 2 heures. Et puis, il y a ce dernier virage à bout de souffle entre fait divers passionnel et crime mafieux....

En fait, le premier problème de ce dernier film de Ridley Scott demeure son sujet, où plutôt la faiblesse de celui ci.

Cabotinage généralisé

House of Gucci se distingue par la composition surjouée de ses acteurs. Jared Leto le beau gosse doit certainement se dire qu'il a accompli la performance de l'année en interprétant cet être repoussant qu'était Paolo Gucci, un laideron qui, bien que geignard, était convaincu d'être un créatif de la mode incompris. Ce n'est pas vraiment le cas, d'autant qu'on ne le reconnait quasiment pas derrière plusieurs "tartines de maquillage". En revanche, Jared Leto pourrait sans peine obtenir l'Oscar des dialogues les plus vulgaires de l'année.
Comme quoi, le monde des acteurs se fixe parfois des objectifs que seul un acteur peut comprendre...

Lady Gaga interprète Patrizia Reggini, la "mante religieuse" que le père de Maurizio compare ironiquement à Elizabeth Taylor lors de leur première rencontre. C'est un flatteur, il n'y a pas photo entre les 2. N'empêche qu'il avait "mis son fils en garde" et qu'il avait raison...
Lady Gaga n'est pas une actrice et ça se voit. Elle roule des yeux en permanence et se croit obliger de "rouler également les R" durant tous les dialogues du film pour une raison inexplicable puisqu'elle parle a priori anglais tous les jours.
Je crois qu'Al Pacino devrait également songer à la retraite. L'acteur surjoue également la composition d'Aldo Gucci, hésitant entre bienveillance, menaces et excentricités en tout genre.
Quant à Salma Hayek dans le rôle de Pina, la cartomancienne télévisuelle....il est bien loin le temps d'Une nuit en Enfer.

Tout ce cabotinage tente tant bien que mal de cacher le peu d'enjeux du film.

En fait, cette galaxie de personnages n'est pas intéressante du tout. Le pouvoir se trouve de fait ailleurs, notamment entre les mains de certaines "chevilles ouvrières" de la famille (Domenico De Sole, juriste de la famille). Des actionnaires étrangers expulseront d'ailleurs bientôt les derniers "rois fainéants" de leurs trônes.

House of Gucci s'abîme dans un format bien trop long compte tenu de ce qu'il a à raconter et même en prenant le film au deuxième degré, House of Gucci pourra sembler bien long à bien des spectateurs.

Pas surprenant que House of Gucci n’ait pas fait l’unanimité auprès des héritiers de la famille Gucci.

Dans son costume rayé et derrières ses grosses lunettes, je pense qu'Adam Driver est mûr pour tourner un troisième film sur Yves Saint Laurent....

House of Gucci bénéficie d'une bonne bande originale.

Ma note: 4/10