Ce film ne se cache pas de son aura de best-seller, et ça aurait pu être sa perte : au cœur d’une intrigue immobilière d’apparence triviale, une jeune fille éperdue qui perd sa maison au profit d’une famille de gentils étrangers, c’est le genre de plot un peu condescendant dont on n’attend pas toujours plus. Mais la banalité, on va vite découvrir que Perelman en fait son affaire. Et le vernis de se fissurer : si l’on était attentif, on se sera aperçu des indices laissés pour nous faire comprendre que chaque personnage vit au travers de son affect, que tous sont le résultat permanent de leurs expériences passées, et que leurs interactions parfois malheureuses revêtent une forme d’inéluctabilité. Un bon roman fait de son auteur le spectateur de sa propre histoire : apparemment ça a marché aussi pour le film.
J’aime bien les films sans personnage principal et je peux difficilement renâcler devant un exemplaire de ceux-ci dont la photographie fait rêver, et qui sait se reposer sur le plus insignifiant afin de faire ressortir les traits humains les moins appétants. Bien que ça finit par être trop dramatique pour mon goût personnel, c’est un thriller que je recommande.