La consécration d'un genre
J'avoue qu'une petite larme a coulé le long de ma joue alors que le générique de How to Build a Perfect Boy s'achevait devant mes yeux. Je pense que le Disney Channel Original Movie, comme tous les genres reconnus (sisi) comprend quelques rares films majeurs, de ceux qui suffisent à instaurer ou à repousser des standards. Je pense à des films comme High School Musical, Appelez-moi DJ Rebel, Le Geek Charmant ou même Camp Rock. Et bien nous somme en 2014 et la dernière production Disney Channel de l'année rentre dans cette catégorie. Quel sensation indescriptible que celle d'avoir l'impression que l'on assiste à l'écriture de l'histoire.
Le titre laissait penser qu'on allait assister à une sorte de remake de Zapped (sorti plus tôt dans l'année) en encore plus improbable, ce qui en soit relève de l'exploit. Et c'est un peu ça mais pas seulement, on a vraiment affaire à un film d'une grande générosité, compilant de manière presque boursouflée tous les ingrédients clés d'un bon DCOM. Alors, l'histoire c'est que l'héroïne et sa pote vont créer le garçon parfait, mais qui en fait est un robot soldat créé par le Pentagone. Putain, il fallait y penser ! Je dois dire que dans le genre concept improbable, ils ont fait très fort là, le smarphone qui devient magique en tombant dans la pâté pour chien c'était rien à côté. On navigue donc assez vite dans le nanar absolu, surtout qu'à côté, ben c'est une histoire de DCOM "normale", rythmée par une romance ultra niaise, une rivalité avec une connasse, et le BAL DE FIN D'ANNEE qui nous fait tous rêver. Et en plus de ça, on a un duo de lycéennes qui piratent le Pentagone en mode tranquille tavu, un super-robot, l'armée et les services secrets, et des méchants russes ! DES PUTAIN DE MECHANTS RUSSES !! Avec une bien belle morale qui m'a fait pleurer, "peu importe si l'amour est imparfait tant qu'il est authentique". Tout ça dans un seul film, moi ça suffit à me rendre complètement fou.
Nos personnages principaux sont un duo d'héroïnes geek. Bien entendu, le cliché est poussé jusque dans ses derniers retranchements : elles ont de grosses lunettes, s'habillent à la mode du XVIIIe siècle, remplissent leurs feuillent d'interro en 10 minutes au calme, et ne sont aimées de personne. Alors déjà, merci pour la subtilité de l'écriture, mais encore une fois faudrait arrêter de déconner, parce que bon des geek rejetées aussi bien foutues j'ai du mal à y croire, elles pourraient avoir tous les mâles à leurs pieds en y mettant du leur. Fais un minimum ressortir ton string et toi aussi tu gagneras le droit de te faire troncher dans les toilettes du lycée, un peu de volonté que diable ! Plus sérieusement, à quand un DCOM avec une vraie héroïne rejetée grosse et moche ? Je reconnais que le studio a fait un effort de ce côté avec Harriet l'espionne, mais il y a moyen d'aller encore plus loin !
On a toujours une rivale complètement insupportable, ici on se demande vraiment ce qu'elle fout en haut de l'échelle sociale, elle moche, conne, elle n'a pas l'air plus friquée que la moyenne... Une classe sociale en perdition, rendez-nous Sharpay quoi ! Mais le film brille aussi par une profusion de personnage secondaires assez géniaux, je pense au père et au frère de l'héroïne, ce dernier semble d'ailleurs s'être sincèrement marré sur le tournage à surjouer comme un chacal sans que personne n'en ait quelque chose à foutre. Mais aussi au général et à sa subordonnée, et mêmes les russes sont juste tellement drôles.
A noter que le film partage une similarité thématique avec le film Her, sorti lui aussi cette année. Les deux choisissent en effet de nous narrer une histoire d'amour entre un être humain de chair et de sang et une intelligence artificielle, et le font avec la même pertinence vous vous en doutez. Etrangement, si j'arrivais dans le film de Spike Jonze à éprouver de l'empathie pour le personnage de Joaquin Phoenix et de l'attachement pour le couple qu'il formait avec l'IA Samantha, ici je n'avais qu'une envie, c'était de foutre une paire de claques à l'héroïne en lui gueulant "MAIS ESPECE DE CONNE, T'AS PAS ENCORE CAPTE QUE T'ETAIS AMOUREUSE D'UN ROBOT ?????". Un choix de traitement assumé, j'en suis persuadé.
C'est notre bon vieux Paul Hoen qu'on retrouve derrière la caméra. L'homme est un grand favori chez Disney Channel, puisqu'il filme son deuxième film de l'année après Cloud 9. On remarque qu'il emprunte à ce dernier une utilisation toujours très agréable du slow motion, quand notre robot beau gosse sort de sa voiture en arborant un sourire benêt, le tout avec un bon gros ralenti MTVesque, ça vend du rêve sans fin. Mais Hoen fait aussi des choix plus discutables, comme lors de cette scène de combat rapproché, filmée dans un couloir exigu pour être bien sûr de n'avoir que deux angles de vue possibles. Bien vu Paul !
Mais je ne vais pas cracher dans la soupe, on a indéniablement l'un des meilleurs films du genre, qui va jusqu'au bout, qui pousse son concept con le plus loin possible, qui nous balance tous ses clichés que nous avalons goulument, en en redemandant davantage. Tout y est, je n'ai absolument aucun reproche à faire, je pense que de nouveaux standards de qualité ont été établis pour le genre du DCOM en cette année 2014 !