Très bonne surprise.
Le début fait un peu peur, on nous présente une bande de gamines de 16 ans braillardes qui débarquent en Grèce faire la fête pendant une semaine. Un genre de Springbreak à l'anglaise. Oh lala dans quoi on s'embarque.
On suit la plus petite du groupe, dont on comprend vite que la virginité sera un enjeu pendant le film. Si je commençais par la trouver insupportable lors des première scènes, elle se révèle de plus en plus touchante tout au long du film. Car derrière sa façade très exaltée et rigolarde qu'elle affiche avec ses amies, on lui découvre une personnalité plus timide et hésitante, notamment auprès des garçons, avec qui elle semble avoir peu d'expérience. La réalisation, très proche d'elle (gros plans en renfort) fait ressentir avec brio la complexité du personnage, entre enthousiasme de façade, mal-être intérieur et soumission à la pression sociale, le tout sans en faire des caisses, même dans les scènes les plus délicates. Tout sonne authentique et juste, on est loin des caricatures qu'ont pu être d'autres films, comme Promising Young Woman récemment.
Outre les personnages, il y a aussi une vraie réussite dans la représentation des vacances clubbing et du point de vue féminin dans ce contexte (enfin, je crois? c'est un mâle qui parle). Dans le chaos des soirées, chaque homme qui s'approche de Taz est suspect, on se demande ce que chacun lui veut vraiment, même s'il est déjà connu et paraît sympa. On reste souvent dans un certain flou et c'est cela qui est réussi, de même pour le comportement parfois ambivalent des filles.
Je crois par ailleurs que ce que j'ai préféré est l'ambiance quasi-macabre qu'arrive à installer la réal dans cette station balnéaire. Ce plan où Taz marche seule au matin dans la rue déserte jonchée de déchets et entourée d'enseignes bien connotées consumérisme toutes plus laides les unes que les autres. Le mythe de la vida loca dans les îles grecques en prend un sacré coup, montré ici comme une débauche où faire la fête devient presque une corvée obligatoire à répéter chaque soir malgré la gueule de bois.
Du bonheur d'être casanier introverti.