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Bon. Je suis à peu près persuadé que How To Have Sex est loin d'être un film idiot et que son intention est forte ; je suis aussi certain d'avoir ressenti à quel point il manque cruellement de texture et de subtilité. (…SPOIL IS COMMING)

S’il met au jour le motif crucial des pressions sociales et, surtout, du viol, ceci au sein d’un Springbreak à l’anglaise (un univers bien connu, ce grand bain de lumière apparente que sont les fêtes de fin d’adolescence où le cinéma aime venir débusquer quelques ombres), il ne propose malheureusement pas beaucoup plus d’inventivité pour étayer ce cœur dur.

On y sent, oui, résonner les conflits internes aux codes sociaux de la jeunesse fêtarde comme cela a déjà été fait ; certes, le film cherche au passage à y faire travailler la puissance de la parole ou des non-dits dans l’amitié ; les vacances à deux vitesses ; les rencontres et l’alcool faciles ; la croisade symbolique contre la virginité ; le consentement sexuel et pas que sexuel ; le conflit entre façade sociale et soi intime…

Mais ce qui pourrait s’apparenter à une attention plus fine sur ces motifs, trop survolés dans d’autres œuvres et ici recentrés via des séquences qui s’attardent, des focalisations choisies, du flottement dans le nerf tendu des vacances, échoue pour moi d'une brasse à produire ce qu’il faut pour en faire un objet à la fois consistant artistiquement et plein éthiquement (qui aurait mérité davantage son prix d'Un Certain Regard) : c'est-à-dire de l’image troublante, de la situation réellement saisissante, et des contreforts scénaristiques permettant de se prendre en pleine gueule le cœur de sa violence.

L’essentiel du sujet se retrouve quasiment entièrement intégré dans la mise en scène d’une impossibilité de parole pour Tara, et dans la décomposition radicale de son visage en cours de film, qui a le mérite de n’être pas joué avec emphase (et force maquillages) mais bien par le travail fort de son interprète, Mia McKenna-Bruce.

La crudité précipitée des viols, pour glaçante et réelle qu’elle soit, ne révolte pas vraiment le récit ; il ne s’agit pas de dire qu’il devrait provoquer un retour de violence, car selon moi la matière même du scénario consiste à éprouver le blocage traumatique qu’ils provoquent. Mais plutôt que ce traumatisme aurait pu venir renverser la tournure d’un film qui reste trop tiède au vu de ce qu’il transporte comme questions essentielles, et si délicates à mettre en scène.

Créée

le 8 janv. 2024

Critique lue 63 fois

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