A première vue, je ne suis clairement pas le coeur de cible.
Je suis un homme, encore jeune, et l'héroine de "How to please a woman" est une femme d'âge mûr. Question identification au personnage principal, on a fait mieux. Et pourtant...
Au fur et à mesure que se développe l'histoire, Gina (Sally Phillips), se montre doublement attachante. Premièrement par ses doutes, face à son mari et face à sa carrière, deux aspects de sa vie où elle n'est pas estimée, voir rejetée, malgré une volonté de bien faire et des qualités qui ne sont pas reconnues. Deuxièmement, par le dépassement de ces doutes, en osant suivre son instinct, en osant entreprendre. En ce sens, elle incarne parfaitement ce moment de nos vies où l'on se dit "aller merde, je le tente", où ça marche, et d'où l'on ressort grisé par un sentiment de liberté et de confiance en soit. Ces deux facettes du personnage sont amenés avec beaucoup de finesse par Sally Phillips.
La réalisation et le script sont du même accabit. Le coeur de l'intrigue, ce sont des femmes d'âge mur qui reprenent leur vie sexuelle en main, en osant rechercher leur propre plaisir, sans aucune culpabilité quant à la transgression de la monogamie. C'est un terrain propice à une critique amère des hommes ainsi qu'à l'étalage d'un "girl power" caricaturé. Ces écueils sont totalement évités par le film, qui sait se montrer feel good sans perdre de sa profondeur, et critiquer les hommes sans pour autant tous les mettre dans le même sac. Un savant mélange qui laisse derrière lui un fort sentiment d'optimisme.
Au final, le film est maitrisé d'un bout à l'autre, et son histoire sonne terriblement juste grâce à la nuance de son propos. Un excellent moment, dont l'on ressort avec la foi dans l'existence et l'envie de croquer la vie à pleines dents. Qu'on soit une femme mûre ou non !