Dans une Russie grisâtre, le groupe d'amis de Marusya semble être atteint d'une malédiction : ils se suicident un à un, et la jeune femme est persuadée d'être la prochaine sur la liste. Elle trouve du réconfort dans sa passion du rock, dont le milieu partage largement son amertume, mais également en la personne de Kimi, avec qui elle noue une relation passionnée empreinte de morosité. Pour témoigner de sa dernière année de vie, Marusya filme son quotidien dans ce qu'il a de plus banal, ses rires et ses larmes.
Le filmage est touchant par sa spontanéité et sa naïveté : Marusya cherche en permanence quoi capter, zoome sur les yeux de son bien-aimé, pose sa caméra sur une chaise pour se mettre en scène. Les plans n'ont jamais de valeur symbolique, ils sont presque entièrement tournés vers l’entourage de la jeune femme et toujours emplis de sensibilité. Le couple est d’une redoutable sincérité et nous offre quelques magnifiques scènes, comme celle dans laquelle Kimi reste aux côtés de Marusya en pleurs et fume en attendant qu’elle se calme ; c’est d'une pureté à couper le souffle.
Même si le film est empli de détresse, il conserve toutefois une certaine gaieté : le rock est un exutoire et le montage dynamique fait preuve d'un certain humour, montrant par exemple une succession d'images de stock pour illustrer différentes façons de se suicider. Le film bascule néanmoins lorsque l’équilibre du couple balance : Marusya semble peu à peu guérir de sa dépression tandis que Kimi est à son tour atteint. Il enchaîne les séjours en centre de désintoxication et en hôpital psychiatrique. Dès lors, la réalisatrice cesse d’ironiser sur son mal-être et préfère filmer tendrement un proche en pleine destruction jusqu’à l’inévitable conclusion. How to Save a Dead Friend est une tragédie romantique profondément touchante dont le constat désabusé sonne comme un appel à l’aide de toute une génération.
Site d'origine : Ciné-vrai