Le côté "film pour enfants" a quelques aspects crispants. Le pire de tous est sûrement le jeu des enfants, justement. Hugo joue avec ses narines, c'est exaspérant. Un silence tendu ? Les narines. Un sourire naissant ? Les narines. Il va commencer à pleurnicher ? Hop encore les narines. Isabella, elle, c'est la bouche*. Donc lorsqu'Hugo remue les narines, Isabella tortille les lèvres (sans un mot bien sûr, parce qu'on aime bien les longs regards silencieux).
Les caractères caricaturaux de certains personnages sont un peu pesants également, mais c'est excusable. Cela fait partie du conte, au même titre que les décors complètement fantasmés, directement tirés d'un livre d'illustration : les piles de bouquins, les rouages des horloges, l'automate...
Un autre fantasme, pour les adultes aussi, rencontrer ce personnage qu'on admire de loin sans le connaître, et découvrir les détails de sa vie. Voir l'envers du décor, derrière l'écran de cinéma, savoir comment "il" faisait... La reconstitution du tournage de Méliès est pour cela un vrai plaisir. De même, dans les yeux de "maman Jeanne" qui regarde le film de sa jeunesse, on voit la joie d'avoir joué. Les trucages de magicien, la coloration minutieuse à la main, tout cet enthousiasme et cette créativité est contagieux pour les spectateurs.
Comment tout s'est réellement passé pour Méliès, au fond de sa boutique, Gare Montparnasse ? C'est égal, ce qu'on veut, s'est être ce petit garçon rêveur et idéaliste grâce à qui le monde a redécouvert un génie, même si ce n'est que dans un film.
*Elle a dû regarder trop de films avec Keira Knightley.