Huit et demi marque un jalon dans la carrière du grand Fellini, déjà enclenché avec La Dolce Vita son style va évoluer vers quelque chose de plus introspectif, vers la fresque fantaisiste, fantasmagorique et baroque tournant le dos au néo-réalisme. Nous suivons Guido Anselmi, cinéaste en perte d'inspiration et de repère gagnant du temps envers ses producteurs et acteurs lors de la préproduction de son nouveau projet qui n'existe pas. Ce film est une petite merveille à tous les points de vue, un vrai délice pour cinéphile et réalisateur en herbe car Fellini y développe tout son art, son talent à la fois pour filmer et pour raconter cette évocation très personnel de cette période de sa vie. On y retrouve ses obsessions du moment la psychanalyse, le spiritisme et l'onirisme avec dans ce registre plusieurs des meilleures scènes de rêves jamais tournées plongeant dans la psyché de l'artiste, inquiétante et poétique à la fois et puis les femmes désirables ou pas, obsédant Anselmi/Fellini jusqu'à l'indécision car il les aime toutes. La mise en scène est une démonstration, chaque mouvements de caméra, chaque cadrages, les ballets des personnages fourmillant, s'activant et les dizaines de micro-événements dans la profondeur de champ dans chacune des scènes s'avèrent être un bonheur pour les yeux et les esprits. En fin le casting avec un Mastroianni incarnant parfaitement Fellini, accompagnés d'actrices telles que Claudia Cardinale en idéale féminin, Anouk Aimée en épouse jalouse, Barbara Steele l'exotisme étranger et ainsi de suite.