8½ fait partie de ce genre de film qu’on n’oublie pas et qui nous marque parfois plusieurs semaines après le visionnage tant il est particulier dans sa forme.
Federico Fellini, un des plus grands réalisateur de tous les temps, vient comme beaucoup de réalisateurs italiens des années 50 et 60 du néoréalisme italien, à travers lequel il a réalisé un certain nombre de films dont on retient surtout l’immense Les nuits de Cabiria. Mais en 1960 Fellini réalisa un premier chef d’œuvre, La dolce vita qui commence à poser les bases du cinéma felliniesque, ayant une façon de dégager une joie de vivre de ses films au travers de nombreuses scènes estivales où les rires et la musique dominent et nous laisse tout souriant en tant que spectateur. Puis en 1963, sors le chef d’œuvre absolu 8½, qui marque la rupture définitive avec le neorealisme, pour aller vers un cinéma plus identitaire et propre à son auteur.
Ici Fellini présente la crise existentielle de l’artiste dans laquelle il semble enfermé, et livre donc une œuvre personnelle et presque autobiographique. Mais contrairement à ce qu’un réalisateur banal aurait fait, Fellini ne filme pas une simple histoire de manière linéaire pour présenter son sujet, il cherche à nous faire vivre cette crise artistique. C’est pourquoi il nous propose une expérience onirique, totalement déconcertante, qui cherche à nous perdre mais que l’ont doit simplement accepter comme telle. Le film nous fait suivre le réalisateur Guido Anselmi sur un projet de film pour lequel il n’a aucune idée, à travers qui Fellini se projette, et nous fait voyager entre rêves et réalité, entre passé et présent, dans lesquels le protagoniste vient puiser en vain une source d’inspiration.
De par la simplicité et la médiocrité du personnage de Guido, Fellini offre à son œuvre une dimension à la fois très personnel du fait qu’il se traite lui même à travers le film, mais également une œuvre très universelle à travers laquelle chaque spectateur est sensé pouvoir se reconnaître.
Malgré toute cette originalité et cette complexité, 8½ ne rejette pas la maîtrise, et est même un film d’une perfection à couper le souffle. Mise en scène d’une énergie folle qui inspirera les plus grands (je pense évidemment à Martin Scorsese qui viens puiser toute la vivacité de sa mise en scène dans les mouvements de caméra de Fellini), montage d’une maîtrise absolue qui parvient à crée cette constante alternance entre rêve et réel de manière extrêmement fluide, musique correspondant parfaitement à l’atmosphère felliniesque du film et témoignant encore une fois après La Dolce Vita et Les nuits de Cabiria que l’alchimie Nino Rota/Federico Fellini est parmi les plus grande de l’histoire du cinéma, décors d’une beauté folle qui associés à la mise en scène de Fellini offre une photographie parmi les plus belle du cinéma.
Une œuvre qui m’a profondément marqué, un moment suspendu hors du temps qui me rappelle à chaque seconde pourquoi j’aime le cinéma et combien je l’aime, 8½ est assurément un des plus grands films ayant jamais été réalisé.