Jacen - Trip in Asia

Human Form (2014) - 인형/ 12min
Réalisateur : Doyeon Noh - 노도연
Acteurs principaux : Si-Yeon Kim – 김시연;
Mots-clefs : Corée ; Court-métrage ; Chirurgie Esthétique.

Le pitch :
Récit d'une jeune fille perdue dans un monde d'apparence la menant à prendre une décision irrémédiable.

Premières Impressions :
Avec ce court-métrage légèrement angoissant, Doyeon Noh s’empare du sujet de la chirurgie esthétique et plus globalement de celui de l’existence grâce aux regards des autres. C’est qu’en Corée du sud l’apparence est capitale. Il faut être beau, bien plus qu’être compétent. Et il n’y a pas une rue sans sa kyrielle de publicités qui vous pousse à la chirurgie. Visage, ventre, jambes…

Impossible de ne pas se sentir complexé quand on lit cent fois par jour à quel point on est imparfait.
La chirurgie esthétique fait partie de la vie courante. Le débridage des yeux est considéré comme du maquillage que l’on offre à sa fille pour son entrée à l’université. Les stars qui jusque là déniaient avoir eu recours à la chirurgie esthétique l’avouent désormais avec de moins en moins de honte. Il faut avoir de grands yeux, un visage fin (quitte à se faire raboter les os de la mâchoire), un long nez droit, des jambes comme-ci, l’index comme cela…

Il est d’ailleurs étonnant qu’un homme s’empare de ce sujet, cependant il le fait avec brio. Ces visages déformés, presque Tim Burtoniens, qu’il prête aux personnages ayant fait de la chirurgie ne sont qu’une exagération de la réalité. J’ai l’impression d’avoir vu tous ces visages similaires à Séoul. Dans Human Form, Noh Doyeon dénonce surtout une sorte de manque affectif chez les coréens qui pousse tout un chacun à vivre dans une futilité de l’apparence, de la comparaison à autrui.

Au-delà du sujet et du scénario, la réalisation est très intéressante. Le metteur en scène impose son style, ses couleurs. Le rythme est lent, un peu trop parfois, mais cela laisse le temps à une ambiance lourde et angoissante de s’installer. Noh Doyeon fait preuve d’une extrême minutie concernant le son dans le film. Les bruitages ou leurs absences donnent du sens.

Je l’ai ainsi interrogé au sujet de la dernière scène, très floue. Je pensais que la jeune fille était vivante mais avait perdu son identité quand une de mes amies pensait qu’elle était morte lors de la chirurgie. Voici la réponse du réalisateur : « La chirurgie de la jeune fille est-elle réussie ou celle-ci est-elle décédée sur la table d’opération ? Je préfère le laisser à l’interprétation de chacun. J’ai retiré volontairement tous les sons qu’elle peut produire. Ses bruits de pas, de chaise, de couverts même… Finalement, la seule raison pour laquelle on peut penser qu’elle est vivante est parce que les autres protagonistes semblent s’arrêter pour la regarder ».

Un film à voir et un réalisateur à suivre assurément.