Aussi indispensable qu'insoutenable
Ce film est extraordinaire au sens littéral du terme. Il s'agit là d'une histoire vraie, celle de l'action menée (une grève de la faim) par quelques prisonniers politiques de l'IRA refusant leur statut de prisonniers de droit commun, ce qui légitime le parti pris du réalisateur : celui de montrer les faits, rien que les faits, sans didactisme aucun.
Son but est clairement de montrer la violence d'une telle action sans nous épargner quoi que ce soit de l'horreur vécue par ces hommes. Et le constat est terrible : si le film est difficilement soutenable, si notre estomac est littéralement noué, c'est que nous sommes habitués à ce que le cinéma nous épargne en général, élargissant le champ de notre pensée en entourant ce type de récit d'explications historiques, sortant régulièrement des faits en eux-mêmes pour nous permettre de respirer.
Mais ici point de répit : soit vous acceptez de vous confronter à l'horreur de ce huis-clos, soit vous partez.
A Cannes, ce premier film avait obtenu la Caméra d'Or mais avait aussi soulevé une polémique, certaines personnes ayant quitté la salle pendant la projection, ne tenant pas devant cette horreur crasse. Il faut remarquer aussi qu'une réalisation plus diluée aurait pu permettre de soulager le spectateur mais Mc Queen filme sans concession, de façon brute et ultra-réaliste.
Je suis contre toute forme de censure mais là, je pense que le comité de visionnage a mal fait son travail : ce film n'a été interdit qu'aux moins de 12 ans, et ceux qui l'ont vu ou le verront pourront se faire leur avis là-dessus.