Le premier volet de cette trilogie marque une nouvelle ère cinématographique, un renouveau de la science-fiction décérébrée de ces dernières années, un retour aux grands récits d'anticipation du type "1984" ou "Le meilleur des Mondes".

Le monde dystopique dans lequel évoluent les héros est étrange: à la fois archaïque (le travail dans les mines, peu de moyens de communication) et ultramoderne, il est partagé en 13 'Districts', sortes de métropoles provinciales, rattachées au richissime Capitole, siège administratif et prospère foyer de la grande bourgeoisie. Cet establishment, où l'élite politique et économique n'est jamais à l'abri d'une rébellion (tu m'étonnes!), organise donc des Hunger Games, afin de rappeler à la population ce qu'elle doit craindre, écraser en somme toute velléité insurrectionnelle contre l'esclavage dont elle est victime. Les "Tributs", composés d'un couple homme-femme pour chaque District, constituent l'ensemble des prétendants. Et c'est dans une sorte de jungle qu'ils sont placés, sous le contrôle minutieux d'un "Juge"; le jeu est simple: tuer tout le monde, le dernier étant le vainqueur. Sous les yeux gourmands d'une bourgeoisie grimée de façon burlesque, mais aussi sous les yeux angoissés des opprimés, qui attendent la mort de leur proche, l'émission de téléréalité égrène les morts avec un plaisir malsain. On n'est pas très loin du voyeurisme actuel. D'ailleurs, l'émission est présentée comme le serait "Secret Story" ou quelque autre bouse télévisuelle. Sauf qu'ici, ce n'est pas pour divertir la populace, pendant que le patronat se gave sur leurs misérables vies, c'est uniquement dans le but d'intimider. Stratégie qui vacillera à l'issue du film, où Katniss, héroïne du film, fera preuve d'effronterie. Ce n'est pas moi qui spoile: l'affiche la présente comme telle; quant à la mise en scène, n'en parlons pas: elle l'idolâtre; j'en veux pour preuve les innombrables gros plans sur sa mine angélique. Mis à part ce détail, les aventures épiques de cette jeune naïade sont une belle parabole de ce que la société de spectacle nous réserve, et bien plus que la société de spectacle, celle du capital, dont le film esquisse le portrait lorsque chaque candidat est accrédité d'une "côte", avant les Jeux. Oui, car les vies humaines ne sont rien d'autre qu'une mise. Tiens, c'est comme dans notre monde...

Inquiétant par son pessimisme et utopique dans sa vision de la rébellion, Hunger Games n'en demeure pas moins un film d'une très grande finition, avec plusieurs niveaux de lecture, du plus bas (la survie en milieu hostile) au plus haut niveau (l'insurrection populaire par temps de totalitarisme).
Johan_Danielis
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le 4 nov. 2014

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Johan_Danielis

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