La dixième édition des Hunger Games est lancée et Coriolanus Snow (Tom Blyth), futur tyran que l’on a connu dans les précédents opus, est désigné mentor du district 12. Il fait la connaissance de Lucy Gray Baird (Rachel Zegler), dont il aura la charge. Comment sortir vivant de ce nouveau jeu de massacre ? Le suspense ne tiendra pas longtemps.
Revenir sur la création et l’institutionnalisation du concept des Hunger Games était un pari risqué. Un pari mal engagé puisque le film, produit pour 100 millions de dollars, se révèle en dessous des trois précédents opus (respectivement 130, 125 et 160 millions). Un pari mal pensé aussi puisqu’il réalise un démarrage plutôt faible lors de sa première semaine. La mode du « battle royale » est-elle passée ? Il semblerait bien que oui.
Et cela est dommage, car c’est le seul avantage d’un film comme ce Hunger Games. La promesse de voir un groupe d’adolescents s’entretuer et pousser le spectateur à apprécier les forces et à craindre les faiblesses de chaque personnages porte en soi quelque chose d’éminemment cinématographique. La caméra fait exister chaque personnage, chacun peut développer une histoire et une personnalité par sa seule apparence et l’on se prend à s’attacher même à un figurant. De plus, la mise à mort porte en soi la promesse d’un spectaculaire que la saga dénonce tout aussi maladroitement qu’elle l’offre.
Pourtant, ce nouvel opus de la saga Hunger Games n’a rien de bien cinématographique. Et ce n’est pas la faute au film hollywoodien pour adolescent : le premier volet réalisé par Gary Ross bénéficiait d’un budget plus faible, mais savait pourtant composer avec ses décors et ses costumes pour offrir quelques images marquantes. Ici, la caméra est bien plus fonctionnelle qu’inventive. Il faut ajouter qu’elle semble desservie par un décor plus pauvre que de coutume ainsi qu’une penderie qui semble avoir été dépouillée avant tournage tant les costumes manquent de personnalité. Et dans Hunger Games, l’habit fait le moine. Ainsi, ce nouvel opus parvient à systématiquement saboter son propre concept. Ses personnages n’existent pas et son univers n’est jamais mis en valeur.
Mais le problème de ce nouvel opus est plus fondamental encore : le film tente de rendre crédible un système qui par définition n’a jamais été voué à l’être. Repensons à deux modèles du genre que sont le film Battle Royal (2000) de Kinji Fukasaku et le roman Marche ou Crève de Richard Bachman alias Stephen King. Deux œuvres qui justifient rapidement leur concept mis en place sans pour autant chercher à le rendre crédible aux yeux du public / lecteur. Le concept est un prétexte permettant surtout de développer la personnalité des individus et de produire, de porter un message politique à travers les interactions entre des caractères différents. La grossièreté du concept offre en son sein un large panel de subtilités sociales poussées à leurs extrémités, et tout cela de manière ludique.
Cet Hunger Games fait le choix de se démarquer du concept qui fait son succès : les jeux ne sont plus le centre d’intérêt, mais ils sont relégués à un épiphénomène relégué derrière les réels enjeux politiques de ce monde. En se distanciant de son concept, Hunger Games abandonne la matière pertinente à exploiter et se rapproche alors d’une dystopie classique, au message politique bien plus générique.
la conclusion juste là : https://www.daily-movies.ch/hunger-games-la-cacophonique-ballade-du-serpent-et-de-loiseau-chanteur