C’est indéniablement mon amour d'adolescent pour les teen-movie-dystopies ou pour les univers uto-dystopiques qui m’amènent à retourner voir un film Hunger-Games.
Dans ce domaine et contrairement à la période super-héros qui lui a succédé, la dystopie avait le mérite de forger la conscience morale de l’individu. Hunger Games excellant dans ce domaine en mettant en scène des adolescents, perdus dans un système dont la verticalité ne se maintient qu’à l’aide d’une télé-réalité d’état, sorte de colosseo fardé; sauce paillettes et égaux toxiques.
La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur est un retour en grande pompe du roman dystopique touchant dans un premier temps à cet univers ‘Panem’ de la locution latine « Panem et circenses”, du pain et des jeux. Celui-ci etait abordé surperficiellement dans les autres films. Ici, trois parties, une sur la politique de l’oligarchie du capitole, une sur les Xe Hunger Games, les premiers à être médiatisés, une dernière dans les colines et les mines du district XII.
Rappels sur l'Univers de Panem
D’abord j’ai réalisé quelquechose dans les premieres minutes du film: Panem, sans même la téléréalité d’état est une dystopie "réaliste": le continent nord américain à été envahit par les eaux lors de catastrophes climatiques changeant la morphologie du continent. Pour remédier à cela une capitale centralisant les élites est construites dans les rocheuses, point culminant du continent restant.
La destruction de l’appareil de production et les inondations demande un totalitarisme libéral optimisé ce qui résulte en une production localisée des ressources, les districts.
Enfin, lors d’une révolte, les districts assiègent le Capitole pendant deux ans, provoquant une famine. Le siège est levé par un accord avec le district XIII (armements, graphite) qui obtient son indépendance plongeant dans la misère la famille du jeune Snow (par le très bon Tom Blyth)qui y investissait.
Médiatiser les lois pour mieux régner (no spoil)
Les jeux existent, comme dans la Rome antique pour nous faire oublier le vide immense de civilisation dans laquelle on se trouve; ils servent à rappeler que sans elle nous ne redeviendrons pas des animaux, mais des bêtes. Mais trop de civilités nous transforment en individus égocentriques ou superficiels. Dans ce deuxième basculement le jeune Snow excelle.
On a affaire ici à un jeune adulte ambitieux devant réussir un concours d’admission à l’université pour pouvoir faire vivre sa famille. L’académie leur demande d’encadrer les tribus des districts concourant dans les prochains Hunger Games.
On est alors très loin du traitement star-system qui aura lieu 60 éditions plus tard, les jeux sont bien au centre de la mécanique d’état mais est la cible d’attentats mettant en question la puissance de la capitale. L’idée de prendre soin des tributs et de créer l’événement naît chez les étudiants qui siniquement y voient la possibilité de faire perdurer les jeux et le système.
Snow prend ce rôle très à cœur et ne rochinnera pas à manipuler, tricher au dépend de ses amis. Dans le rôle de sa tribus, Lucy Gray par une Rachel Zegler qui créve l’écrans, faisant vite oublier Katniss.
En soit les deux premières parties montrent l’évolution du prochain président de Panem dévoré par l’ambition et la volonté de puissance du Capitole, voyant même dans la détresse de sa comparse le profit d’un amour.
L’ultralibéralisme incarné (spoil)
Snow était le meilleur personnage de la saga, l’interprétation de Donald Sutherland relevait selon moi les faiblesses d’autres jeux de personnages monocordes comme Katniss ou Peeta. Ici assiste à la construction d’un caractère schizoïde, complexe, perdu dans son propre hédonisme.
Il a une âme sœur, et ce n’est pas Lucy Gray dont la fin du film laisse penser qu’elle ne reviendra plus. Ainsi on apprend qu’il est à l’origine de nouveaux modes de communication autour des jeux destinés à les faire accepter par la population et ce avec la complicité de la professeure Gaul jouée par Viola Davis.
Effrayé par cette relation, un autre de ses professeurs, Highbottom joué par Peter Dincklage révèle les tricheries de Snow pour favoriser sa tribus, le contraignant à s’enrôler. Il est muté comme pacificateur au district 12 et cherche à revoir Lucy. Cette troisième partie montre un autre visage de la nation, la vie dans un district pauvre, entre haut-fourneaux et cabaret sauvage, entre la suie sur les bâtiments et la nature intacte des alentours des mines. C’est là que sont entourage le met le plus face à ses contradictions et à ses opinions intéressées. Sa famille, ses amis, son amour, il finit par les détruire, perdu dans sa quête de profit personnel.
Comme La naissance du mal de Christian Duguay, la série dystopique montre ici la montée d’un dictateur qui après des hésitations embrasse le système en place et l’ennoblie froidement au moyen des médias, du marketing d’état.
Même si le film a des faiblesses visuelles, notamment dans les 3D ainsi qu’un format assez long, il est une très bonne surprise. Attention tout de même à ceux qui ne voient un peu vite en Hunger Games qu’une licence teen sauce Battle Royale.