Dans le monde de Mina
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Après que Saverio Costanzo ait réduit la partie romantique du film à sa plus brève expression avec la scène de rencontre, on entre de plain pied dans ce qui va devenir un pur drame. Si l'écriture y est fine, la mise en scène y est tantôt maladroite, tantôt inexistante, mais nous devrons passer outre cette brutalité du traitement, très certainement volontaire de la part du metteur en scène. Cela occasionne plusieurs passages ennuyeux ou gênants, mais c'est sans doute pour aller plus au coeur du drame.
Pour autant, on ressent clairement le parti pris : La mère sombre dans la folie, née d'une mauvaise lecture de légendes médiatiques charlatanistes, rances et chatoyantes, concernant la santé des enfants. La mère n'est ni plus ni moins qu'une représentation à l'extrême de nombre de doctrines de polichinelle qui plaquent les modèles modernes de la médecine sur l'autel de l'écologie et du complot global.
On est à l'étroit dans ce film qui n'offre que peu d'espace ouvert et diurne. Le couple s'enferme dans un quotidien sur lequel glisse tout ce qui les entoure. L'expressivité de Mina est totalement aplatie par une épaisse couche de suspicion et de déséquilibre mental. Jude, quant à lui, met un temps infini à comprendre le déséquilibre de son épouse, aveuglé tour à tour par l'amour qu'il porte à sa femme, puis par le mal qu'elle fait à son enfant.
Oui, hungry hearts est un film de guerre où l'on passe d'une colère à une autre, d'un désespoir à l'autre. Comme dans tout film de guerre, aucune issue ne sera la bonne, et on ne peut qu'espérer que ce soit "le moindre mal" qui l'emporte. La mise en scène de Costanzo, quasiment inexistante, nous place pourtant tout près des personnages, exacerbant la brutalité du propos. Haneke peut aller se rhabiller avec "Amour" et son maniérisme nappé de fausse discrétion : Hungry Hearts est bien plus fort, bien plus brutal.
Créée
le 27 juil. 2015
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