Optimistic losers
Andre Royo a joué un rôle marquant dans la série The Wire. Et moi, tout ce qui touche de prêt où de très loin à The Wire, il faut que j'y passe un jour ou l'autre. Alors même si dans ce cas précis,...
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le 16 mai 2020
Andre Royo a joué un rôle marquant dans la série The Wire. Et moi, tout ce qui touche de prêt où de très loin à The Wire, il faut que j'y passe un jour ou l'autre.
Alors même si dans ce cas précis, on est à des années lumières de la série de David Simon, l'interprète du surexcité et inoubliable Bubbles étant le seul lien entre les deux, Hunter Gatherer, premier film de Joshua Locy en tant que réalisateur est une petite réussite. Précédemment directeur artistique, entre autre sur le non moins surprenant Prince Avalanche dans lequel Emile Hirsch et Paul Rudd se livraient un gueguerre douce amère, il se met au commande d'un autre buddy moovie pour le moins atypique dans son traitement et surtout, ses personnages.
Andre Royo y incarne Ashley, tout juste sorti de prison, prêt à reprendre le cours de sa vie exactement là où il l'avait laissé, sûr que le monde l'a attendu et que son entourage en a profité lui aussi pour faire une pause de trois ans. Il enchaîne les coups de téléphone pour initier ce redémarrage pendant que sa mère prépare la fête de son retour. Dès cette scène, somme toute banale, l'oeil de Locy me fait sourire et m'interpelle par son approche, par son décalage, aussi bien dans un plan fixe figé dans la cuisine que dans les dialogues mettant en lumière la renaissance timide des désaccords entre une mère et son fils. Mais Ashley, parmi toutes ses connaissances n'en a finalement qu'une en tête, Linda, son ex, et on comprend très vite que son objectif sera de la reconquérir. Il rencontrera alors Jeremy, dont la simplicité flirte avec le génie, formidablement incarné par l'inconnu Georges Sample III. Jeremy aussi a un objectif louable, assurer la survie de son grand-père. Pour gagner un peu d'argent, il se fait cobaye en testant des patchs dont il ignore tout, convaincu qu'il aide à sa manière l'humanité. Pour une histoire d'échelle et quelques services rendus, une amitié entre les deux hommes se tisse. Elle les amène à monter un business improbable pour tenter de récolter l'argent nécessaire à l'aboutissement de leur quête et à la poursuite de leur vie respective.
Hunter Gatherer est un de ses films ou l'histoire et ses leviers ne sont pas le moteur du récit. Ici, ce sont les personnages et les situations qui mènent la danse et dessinent une atmosphère prenante si vous êtes sensibles à l'inadaptation de ces hommes et à leur caractère gentiment marginal.
Ce buddy moovie emprunt de bienveillance, centré sur deux perdants resplendissants de volonté et de confiance, mal placée pour l'un, touchante pour l'autre, et presque enfantine pour les deux, arrive à nous amuser et nous faire sourire par moment grâce à ce parti pris anti-misérabiliste qui émane presque perpétuellement du film.
Voici deux héros pas si ordinaires que ça, embourbés dans un quotidien triste d'un point de vue extérieur. Mais ce quotidien, c'est le leur et ça Joshua Locy le retranscrit à merveille. Il les laisse vivre, il les laisse croire, il les laisse à la mesure de leur quotidien. Ashley et Jeremy œuvrent pour des jours meilleurs sans jamais se laisser abattre, leurs lendemains ne sont faits que de possibilités et si l'échec ne semble pas être au menu, quelques indices bien placés nous mettent sur la piste d'un dénouement qu'ils n'envisageront jamais, même lorsqu'ils lui feront face.
Hunther Gatherer est une ode à l'optimisme, un optimisme irrationnel porté par deux acteurs d'une justesse presque naturelle. Touché.
Créée
le 16 mai 2020
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