Hypnotic
4.5
Hypnotic

Film de Robert Rodriguez (2023)

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Quand Rodriguez explique à Nolan comment faire du cinéma !

Soyons francs : nous, on adore Robert Rodriguez, le réalisateur fou / le caméléon ultime du cinéma, et ce depuis son apparition dérangée en 1992 avec son El Mariachi ! Le seul type de la planète cinéma qui soit capable de « faire du Tarantino » pour faire plaisir à son pote Quentin (Planète terreur), de mettre en scène du Frank Miller crédible, et d’exécuter une commande de James Cameron (Alita) sans que le « king of the world » y trouve quelque chose à redire… Mais, même nous, ses fans, nous ne nous attendions pas à ce qu’il nous propose cet Hypnotic, c’est-à-dire un « film… de Nolan » mieux que les films de Nolan. Mieux (oui, on ose le dire !) parce que plus jouissif, plus « série B » bien entendu, moins prétentieux : mieux parce que l’amour effréné que Rodriguez porte au 7ème Art semble bien plus fort, bien plus sincère que celui de Nolan, que l’on soupçonne d’être avant tout amoureux de ses propres idées, de sa propre virtuosité.

Et puis, et là, on sait qu’on va prononcer la phrase qui va attirer devant Hypnotic tous ceux qui sont vraiment fanatiques de grand cinéma déglingué, parce que Rodriguez a aussi repris dans son scénario toute une partie du concept du Scanners de Cronenberg !

Le point de départ de Hypnotic, c’est un flic (Ben Affleck, plutôt plus crédible que d’ordinaire) brisé par l’enlèvement et la disparition de sa fille, qui se trouve mêlé à une étrange série de holdups où les criminels semblent agir sous l’influence d’un homme étrange et insaisissable. En visionnant la bande annonce, et avec ce titre / spoiler, on imagine bien ce que peut être ce genre de thriller fantastique, a priori basé sur l’hypnose. Eh bien, pas du tout ! Le film estomaque par ses nombreux décollages à la verticale, et en particulier par une dernière demi-heure plus WTF que WTF, mais sachant rester quand même largement compréhensible et logique. Surtout, ne laissez personne vous raconter de quoi il retourne vraiment, pour garder intact le plaisir de la découverte !

Et bien entendu, et même si on sait que c’est la mode, au delà du plaisir coupable pris au premier degré, Hypnotic a tout du film « méta », ou tout au moins de la réflexion acérée sur le pouvoir de l’illusion qu’est le (vrai) cinéma : avec ses personnages qui écrivent des scénarios, qui construisent des décors où leurs protagonistes évolueront, et qui mettent même en scène l’action visant à manipuler leurs spectateurs, Rodriguez dévoile avec gourmandise tous ses trucs. Et se permet même, dans une conclusion formidablement ludique, de célébrer le pouvoir de la famille, de l’alliance des générations d’amoureux de cinéma pour triompher de ceux – la « cellule », une sorte de complot de producteurs hollywoodiens – qui veulent, en multipliant les « sequels » et les « reboots » – jusqu’au treizième – priver le spectateur de son bien le plus précieux : sa liberté.

Vive le cinéma, et merci Robert !

[Critique écrite en 2023]

https://www.benzinemag.net/2023/08/24/hypnotic-de-robert-rodriguez-quand-rodriguez-explique-a-nolan-comment-faire-du-cinema/

EricDebarnot
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le 24 août 2023

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Eric BBYoda

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