En commençant à regarder le film, cette nouvelle production Netflix, je me suis dit que le terme de production était en effet adéquat, qu'on était en face d'un produit industriel destiné à être consommé puis jeté. Une oeuvre froide, impersonnelle, à l'esthétique de pub et qui semble se dérouler dans un entrepôt Amazon.
Mais je dois dire qu'à mesure que j'ai continué à regarder le film, mon avis a changé. Sans non plus atteindre l'extrême inverse. Mais disons qu'on se trouve face à un divertissement de qualité.
Le film surfe sur les peurs et fantasmes propres à notre époque et sans cesse alimentés par les médias : l'épuisement des ressources et la destruction de la nature, menant à la fin du monde, ou plutôt la fin de l'humanité ; l'Intelligence Artificielle, la robotique, la toute-puissance de la technologie, y compris la conception sans parents biologiques...
Le film n'est pas sans rappellee le récent 10 Cloverfield Lane : ça se passe dans un bunker ; dans un contexte post-apocalyptique ; on a une jeune héroïne pure, innocente et débrouillarde, qui ne sait pas ce qui lui arrive, si elle est protégée ou prisonnière, mais cherche à comprendre ; un meneur de jeu dont on ignore si c'est un sauveur ou un bourreau ; un dehors dont on ne sait s'il est dangereux ou salvateur. Le film lorgne aussi du côté de certains classiques de SF à suspense tels que Terminator voire Alien, sans toutefois jamais en atteindre le niveau.
Saluons l'intérprétation, en particulier de l'héroïne principale, la qualité des décors et des effets spéciaux, ainsi que le scénario malin, qui évolue bien et propose des rebondissements qui nous tiennent en haleine. Jusqu'à la scène finale, qui nous fait attendre la suite pour en savoir plus...
Une réussite mineure, mais qu'on regarde avec plaisir.
Si on observe le film d'une autre façon, sur un plan psychologique, et non plus comme un divertissement, film d'anticipation post-apocalyptique, on peut y voir en filigranes une réflexion sur les relations mère-fille. Réflexion pas très originale ni très profonde, mais qui parlera certainement à beaucoup d'entre nous car il s'agit d'une observation assez pertinente.
(Je conseille de plutôt lire ce qui suit après avoir vu le film.)
Une mère parfaite élève de manière parfaite sa fille parfaite, la maintenant loin de tout danger, la préparant à faire face à toute situation, par une éducation adéquate. Mais il manque quelque chose dans cet univers bien rôdé mais mécanique, aseptisé, ennuyeux...
Quand elle devient adolescente, la petite fille chérie se rebelle. Elle ne veut plus trop faire ses devoirs, obéir, faire plaisir à maman, se conformer à son modèle. Elle veut découvrir le monde par ses propres yeux, quitte à prendre des risques et à déplaire à sa mère.
Elle se trouve alors un autre modèle féminin, plus inquiétant, potentiellement dangereux, mais aussi fascinant que sauvage. Bien sûr, les deux femmes se détestent, et luttent pour avoir l'ascendant sur la fille.
Cette dernière découvre que maman lui a menti, lui a caché des choses (quelle mère pourrait être totalement transparente ?), elle décide donc de se rebeller ouvertement et de s'enfuir. En effet, elle découvre que l'amour que lui porte sa mère n'est pas inconditionnel, il a ses limites, sa mère a ses propres intérêts, sa vie ne consiste pas seulement à défendre ceux de sa fille. La mère parfaite devient alors aux yeux de sa fille un monstre sans coeur.
Toutefois, cette dernière découvre que même quand elle se rebelle contre sa mère et rejette totalement son modèle, celle-ci continue quand même à l'aimer...