Dans une de ces villes typiques de l'Amérique profonde qui se caractérise principalement par deux aspects, le premier étant sa géographie axée autour d'une rue principale unique, la seconde étant que tout le monde connaît tout le monde avec les conséquences que cela implique, John Wayne Cleaver est un adolescent perturbé, dont la mère gère les pompes funèbres ce qui lui donne l'occasion de l'aider lors des autopsies, craint à la suite d'un diagnostic clinique soulignant des tendances à la sociopathie de devenir un tueur. La thématique des tueurs en série, constituant par ailleurs l'une de ses obsessions. Celle-ci associée à ses activités au sein de l'entreprise familiale en font une victime désignée dans son lycée, situation à laquelle il répond de façon à instaurer un doute fort dans l'esprit de ses harceleurs, mais qui contribue également à asseoir sa réputation.
Depuis peu, la quiétude de la ville est troublée par une série de meurtres aussi violents qu'incompréhensibles sur lesquels la police locale peine à enquêter et à déceler un moindre début de piste, une situation explosive qui va conduire la bourgade aux bords du chaos. Néanmoins pour John Wayne, c'est là l'occasion de mettre en pratique ses connaissances théoriques sur les tueurs en série et de mener l'enquête. Une enquête qui le conduira rapidement à soupçonner l'un de ses voisins, le vieux Crowley, dont les comportements erratiques laissent aisément penser qu'il pourrait s'agir de l'auteur de ces meurtres qui ensanglantent le coin.
A dire vrai, rapidement et sans ambiguïté aucune, le film pose comme acquis qu'effectivement il s'agit bien de l'auteur de ces crimes, car son propos n'est pas l'enquête mais plutôt la relation à distance, le duel psychologique qui s'installe entre cet ado potentiel monstre en devenir et ce vieux routard du crime, rompu à l'exercice de la manipulation mentale.
De là le film devient vraiment prenant, jouant sur une atmosphère sombre, angoissante, on assiste avec juste ce qu'il faut d'éléments perturbants pour nous faire frissonner à la résolution de cette question centrale : Qui aura le fin mot de l'histoire entre cet adolescent troublé à même de saisir la psychologie d'un de ses potentiels semblable et ce tueur avéré ?
Mais dans un dernier acte aussi inattendu dans sa révélation que dans son emprunt au surnaturel, nos certitudes s'envolent faisant alors du film quelque chose d'au final plus complexe et intéressant que ne le laisse présager son postulat de départ.
Film passé relativement sous les radars, il mérite cependant d'être découvert, non pas pour un chef d'œuvre ignoré mais pour son parti pris original et mené avec sincérité.