Vous connaissez la Zambie ? Et le cinéma zambien ?
Personnellement je ne connais de la Zambie que les chutes Victoria, à la frontière avec le Zimbabwe, et encore uniquement par le biais d’un documentaire que j’ai vu il y a pas mal d’années, mais qui m’avait fortement impressionné.
Sinon, je connais la vieille contrepèterie "Au Zambèze les filles sont jolies et gentilles", mais c’est à peu près tout ce que je connais de ce pays d’Afrique Australe, hors quelques wikipédiateries d’usages.
Du cinéma Zambien je ne connaissais rien, avant de voir ce joli film de Rungano Nyoni, femme de 35 ans née en Zambie, mais qui l’a quitté à l’âge de 8 ans en suivant ses parents pour le Pays de Galles et qui vit actuellement au Portugal.
C’est son premier long métrage et il raconte le parcours d’une petite fille zambienne accusée d'être une sorcière. Entre humour et absurdité il dépeint le sort des femmes regroupées dans des camps de travail pour cause de sorcellerie, montrées à l’occasion aux touristes étrangers telles des bêtes de foire ou des curiosités folkloriques et plus généralement, il dénonce la dure condition féminine dans la société africaine, ainsi que le manque de probité des autorités (pas toujours) compétentes.
Si ces camps de sorcières existent vraiment dans plusieurs pays d’Afrique, dont la Zambie, la réalisatrice prend le parti d’en rire pour mieux dénoncer la situation.
Elle affirme :
"Je voulais communiquer l’humour zambien, mais mon but n’était pas de me moquer des croyances. Le problème lorsqu’on parle de l’Afrique est que les réactions tournent tout de suite à la pitié. J’essaie de casser cela, et j’ai choisi l’humour pour le faire.”
Et cet humour noir (lol, mdr, ptdr ;-) permet plus facilement de mettre en évidence la misogynie de la société zambienne, où les femmes sont exploitées et où leur éventuel pouvoir fait peur.
Un mot sur la jeune comédienne de 9 ans, Maggie Mulubwa, très convaincante, qui par sa présence contribue à la réussite du film.
La mise en scène est remarquable, avec de nombreux très beaux plans et il faut souligner la très bonne idée qu’a eue la réalisatrice de concrétiser la servitude des sorcières par de longs rubans blancs reliés à une grosse bobine attachés à leur dos, sensés les empêcher de s’envoler. C’est visuellement magnifique !
On peut regretter quelques maladresses, comme par exemple l'utilisation des 4 saisons de Vivaldi, au début, ou la fin pas très bien amenée, mais l'ensemble est tout à fait réjouissant et prometteur pour l'avenir de la réalisatrice.