Une aide-soignante est engagée pour s'occuper d'une vieille auteure de romans d'épouvante. Peu à peu isolée, elle découvre que l'inspiration d'un livre de l'écrivain semble provenir d'un esprit hantant la maison...
On ne pourra pas reprocher à Netflix son manque d'audace pour cette première production de la marque en matière d'épouvante. À total contre-courant de la vague actuelle jumpscarisante post-James Wan (le public adolescent va probablement se pendre d'ennui), ce deuxième long-métrage d'Oz Perkins (réalisateur de "February" et fils d'Anthony auquel le film fait un clin d'oeil) est un de ses rares ofnis du genre à opter pour une approche "à l'ancienne", c'est à dire qui demande au spectateur de se laisser avant tout contaminer et envelopper par une atmosphère pesante admirablement bien retranscrite. Si, par exemple, vous n'adhérez pas à un film comme "The Innkeepers" de Ti West, passez votre chemin, "I Am the Pretty Thing That Lives in the House" n'est clairement pas fait pour vous. Ce sera bien sûr dommage car, loin d'être un simple exercice de style, le film fond totalement sa forme narrative à la teneur de son propos sur la condition d'être d'un esprit, l'incongruité tout comme l'intemporalité de son existence. Cela donne certaines séquences d'une beauté imparable (l'ouverture qui sera hélas souvent répétée en reste le summum avec cette figure vaporeuse nous apparaissant sur un fond noir pendant que la voix-off de l'héroïne nous raconte dans quels tourments éternels est plongée la figure du fantôme) où la morne et répétitive existence de cette aide-soignante un brin naïve (Ruth Wilson vue dans "The Affair"), déja un fantôme à visage humain en quelque sorte, ne se voit bousculer que par des apparitions spectrales qui conduiront à sa perte comme annoncée dès les premiers instants. Certes, minimaliste, le récit joue souvent la carte de la mise en abîme (le point de vue du spectre nous est rapporté par le livre de l'écrivain lui-même lu par l'héroïne) pour mieux brouiller les cartes temporelles et nous guider vers cette conclusion inéluctable, le rôle de nous envoûter (et de nous effrayer grâce aux rares mais réussies manifestations de l'esprit) en revient ainsi pleinement à la forme du film qui, toujours à condition d'y adhérer, fascine incontestablement.
Néanmoins, il existe un gros bémol à la pleine appréciation de ce "I Am the Pretty Thing ..." : si, comme moi, vous avez déjà vu le film "I Am A Ghost" de H.P. Mendoza (2012), plus expérimental mais bien plus abouti en prenant dans son intégralité le point de vue d'un fantôme, le film d'Oz Perkins vous semblera forcément plus faible et même déjà un peu en retard face au parti pris plus que gonflé et réussi de cette oeuvre bien trop méconnue. Ce qui explique en partie cette note de "seulement" 7 sur 10 pour un film à l'ambiance irrémédiablement étouffante.