« I comme Icare » est un film qui m’a traumatisé quand je l’ai vu.
J’avais 10 ans.
J’en ai cauchemardé toute la nuit.
Très peu de films m’ont fait cet effet. L’autre est « Le Juge Fayard dit le Sheriff ».
Je reste aujourd’hui encore marqué par l’insoutenable suspens qui règne dans le film de Verneuil que je place parmi mes préférés de ce réalisateur.
Le casting, mené par Yves Montand, toujours très classe, au mieux de sa forme grisonnante, est excellent.
L’idée de placer l’intrigue dans un pays fictif aux décors modernes et froids ajoute beaucoup à l’atmosphère du film. Nous reconnaissons d’emblée l’assassinat de Kennedy et la thèse conspirationniste du procureur Garrison. D’avoir modifié les véritables identités des protagonistes rajoute à la paranoïa ambiante, comme si 15 ans après les faits, le scénariste Didier Decoin ou le réalisateur pouvaient craindre des représailles.
A trop vouloir se rapprocher de la Vérité, nous pourrions en mourir. (C'est ça qui m'a fait cauchemardé quand j'étais petit, je ne voulais pas partager la Vérité)
Le film est aussi incontournable dans sa description de l’expérience de Milgram, le cœur du film. L’expérience nous fait comprendre que n’importe quel quidam (enfin 2 sur 3) peut, sous le joug de l’autorité, se transformer en bourreau et accepter et appliquer des ordres souvent contraire à ses valeurs.
Tout le film est là. Quel serait notre réaction devant un ordre de notre autorité qu’on jugerait de prime abord à l’encontre de nos principes ? Serions nous capable de tuer ?
Le suspens ne se relâchera qu’avec la chute du film, brutale et implacable, sur les notes d’Ennio Morricone.
Nombreux sont les films politiques et contestataires dans les années 70. A mon avis, « I comme Icare » est un modèle du genre réalisé avec un sens du suspens rarement égalé à ne pas rater.
A voir !
PS: le titre est signé de mon éclaireur -Marc-. Merci à toi !