Une équipe de chercheurs américains, une équipe de chercheurs russes, tous enfermés dans une navette orbitale, un problème international survient... La Guerre "Chaude" (on y va franco, pas le temps de lambiner) commence. Le scénario peut paraître très simple, prévisible ("Allez, c'est un film américain, c'est encore un bon américain qui va gagner."), mais I.S.S a envoyé bouler nos préjugés loin dans les étoiles... Premièrement, un twist inattendu du scénario (un américain et une russe
étaient amants, et sont restés plus proches que leurs drapeaux respectifs le voudraient
) met gentiment un grain de sable dans l'idée du scénario trop manichéen, commençant à faire passer l'humain avant les intérêts patriotiques... Et le final, qu'on n'attendait clairement pas, de nous conforter dans cette idée pacifiste, certes naïve, mais qu'on assume complètement (qu'y a-t-il de mal, après tout, à rêver d'un monde où la guerre est une hérésie ?). Alors donc,
cette américaine outsider (de couleur, lesbienne, féministe... Il manque une case, à la liste ? Allez, on avoue : si c'est Ariana DeBose qui l'interprète aussi bien, la liste peut s'allonger encore, qu'on y verra que du feu) et ce russe sur lequel on ne pariait pas (Pilou Asbaek a la tête du méchant parfait, qui ne va pas jusqu'au bout du film) qui se regardent, et se disent en un clin d’œil "que ces nantis derrière leurs bureaux aillent se faire voir", et partent ensemble en laissant les précieux documents dériver à l'infini dans l'espace...
On s'est laissé prendre à cette fin rêvant d'un monde meilleur, et on comprend ceux, plus réalistes, qui n'y voient qu'une utopie irréaliste (il est vrai que les deux chercheurs ne se connaissent pas depuis longtemps, que le russe est responsable de la mort de l'ami de l'américaine... Bon, le message l'emporte sur la vraisemblance). Gabriela Cowperthwaite avait déjà rêvé d'un monde meilleur avec son documentaire (absolument époustouflant : si vous ne l'avez pas encore vu, foncez !) Blackfish, dénonçant la maltraitance animale qui doit prendre fin, ici le message est facilement déplaçable sur les petits peuples qui subissent les ambitions géopolitiques de quelques fous de guerre. On retrouve d'ailleurs son goût pour la BO faite de basses qui accompagnent les scènes-chocs, sa belle mise en scène, son appétit de la dramaturgie parfois un peu balourde, mais qui n'a pour but que de nous diriger petit à petit vers une pensée altruiste, au-delà de ce que l'on pouvait attendre comme final dans un synopsis (énième du nom) de baston entre américains et russes... Un peu d'intelligence humaine, pour recouvrir le patriotisme inutile, ça change. I.S.S. n'est pas le film à suspense de l'année, mais il accomplit la mission (spatiale) qui lui a été accordée : nous divertir.