Finalement passablement déçu par ce petit drame aux moyens très diminués. L'histoire d'une femme qui subit une véritable descente aux enfers, entre drogue, alcool, infidélité, elle ne sait plus comment revenir en arrière, comment sourire, comment être là pour ses enfants, comment être quelqu'un. Juste, quelqu'un, même pas quelqu'un de bien. Alors elle s'enferme dans une spirale compulsive et auto-destructrice, où la limite entre la vie et la mort s'étiole peu à peu, où la désillusion l'emporte peu à peu sur la rage de s'en sortir. I Smile Back est l'appel au secours d'une illuminée, dépassée par sa propre faiblesse intérieure.
Le concept du drame indépendant est de miser, selon moi, sur deux points essentiels : la direction d'acteurs, et plus précisément le casting, capital et inhérent, bien plus que lorsqu'il s'agit d'un film "normal", et la patte du réalisateur. Que le propos soit éculé et pas original pour un sou, ce n'est pas quelque chose de pénalisant dans ce genre puisque le message passe souvent par la force du regard et de l'émotion pure plus que par la force des mots. Il est évident néanmoins que mélanger toutes ces conditions donne un film encore meilleur. Le très bon Smashed, par exemple, ne tient que par la prestation du duo, notamment de notre cher Aaron Paul. Drake Doremus, lui, s'attarde, évidemment à s'offrir les services du plus incroyable être humain sur Terre, Felicity Jones, et sur sa griffe qu'il imprègne sur tous ses films, en lui insufflant non pas une âme, mais sa propre vision de ce que doit être le sentiment pur, originel, presque brut qui est le fer de lance des romances décharnées indépendantes. Ce sont les deux facteurs primordiaux, que l'on ne retrouve pas dans I Smile Back.
Sarah Silverman n'est pas convaincante, il ne se dégage rien de sa prestation, l'émotion nous glisse dessus - malgré un jeu épuré et subtil, ce qui est un comble. Ce n'est pas une question de personnage puisque ce même rôle, joué par une femme beaucoup plus forte et incarnée, aurait été bien meilleur et bien plus puissant. D'ailleurs, passer son temps à déguster des sucettes pour le retour à l'enfance et la fracture avec le réel, pourquoi pas, ce n'est pas moins pertinent qu'autre chose. La réalisation est très basique. Adam Salky, pressé par les contraintes de temps (20 jours de tournage), d'adaptation et d'argent, a raté le coche en pariant tout sur l'actrice principale et son mal-être. Un malaise intérieur que l'on ne ressentira jamais, ni par le biais de la mise en scène, ni par les acteurs. Le reste du casting est inexistant, contrairement à ce goût amer laissé par cette mère désespérée, très loin, beaucoup trop loin d'un enfer sur Terre, celui du strident A perdre la raison, pour ne citer que lui.