Un film qui s'est fait rare, ayant trop déçu les chauvins, pardon, les Français par son aspect fortement anglophone et américanophile. Forçant un peu le rabibochage de disciplines opposées sinon concurrentes (le cinéma et la BD) et de cultures qui ne le sont pas moins (la France et les États-Unis), Resnais se fait des ennemis en ne voulant choquer personne.
D'ailleurs, même la sous-couche n'a pas tellement plus de saveur ; Adolph Green et Gérard Depardieu nous jouent superficiellement la scène du choc culturel, ce qui fait double-emploi avec une expression nettement plus parlante de ces valeurs qui s'entrechoquent dans la façon de nous remémorer à nous-mêmes la France d'avant, ou en nous faisant jubiler de mauvaise conscience devant les réactions d'un étranger face à nos structures (quoique là aussi, ça joue sur l'étirement du marginal pour en faire des pseudo-bonnes raisons de se montrer patriotes).
Ce plaisir de courte haleine doit bientôt suivre les brumes théâtrales derrière le rideau (qui ne sont pas sans rappeler Demy, en moins jobastre). Il y a un certain intérêt dans les intrigues qui prennent mine de rien des airs dantesques derrière la timidité artistique qui flotte, mais les personnages et les allusions qui promettaient de se faire les catalyseurs de plus amples options se résument à la fin à des caricatures ; l'Américain violent, le Français frivole, l'Amérique systématique, la France épicurienne, tous ces monstres invisibles mais bien nommés finissent par totalement obscurcir le ciel. Même les accents (qui sont d'ailleurs exagérés en version doublée) sont instrumentalisés comme les serviteurs d'une confrontation panatlantique qui soit des plus croustillantes... mais la mie est déjà daubée.
Quantième Art