Zhangke cultive le paradoxe et les surprises.
Ici de très mauvaises !
Dans un registre assez proche de 24 City, le réalisateur livre un documentaire artistiquement peu inspiré.
Autant le docu-fiction (ou l'inverse) de 2009 regorgeait d'instants poétiques, bien servis par des plans fixes, comme autant de tableaux de scènes de vie,
autant I Wish I Knew ne nous offre aucun moment fort visuellement parlant.
Bien de classiques documentaires nous offriront des photos du Shanghai d'hier et d'aujourd'hui plus immersives !
Car ici peu de documents d'époque.
Peu de promenades dans les rues, maisons ou manifestations de la cité d'aujourd'hui pour nous faire humer son parfum.
Est-ce pour cette raison que le cinéaste insère de si nombreux extraits d'autres films d'auteurs chinois ?
Quand aux déambulations de l'égérie Zhao Tao, on devine certes qu'elle sert de fil rouge en venant mettre en scène les transitions (le Shanghai dévasté par la violence de la pègre locale, le Shanghai lieu de la bataille fratricide entre Kuomintang et Armée de libération maoïste, le Shanghai siège de la modernité du XXIème siècle etc.).
Mais même ici, les images semblent pataudes, emphatiques.
L'intérêt résidera donc principalement dans les témoignages des (anciens) habitants. Fils ou filles d'Aristocrate ou de Révolutionnaire. Artiste, Ouvrier ou Ecrivain...
Autant d'expériences familiales, autant de vérités d'un même miroir brisé.
Au demeurant, ces interviews sont remarquables car elles livrent une histoire honteusement violente de Shanghai, grâce à une parole libérée inhabituelle en Chine.
Dommage que Zhangke n'ait pas réussi à en faire un ensemble cohérent et plus attrayant !