Here come dat boi

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Voilà, ça c'est pour le meme, c'est évacué, parfait, on va pouvoir commencer.

J'aime pas les films qui me prennent pour un con. Mais je le suis peut-être, parce que dans mes moments de grande faiblesse je mate de la merde calibrée pour adolescents, et manque de bol, c'est tout à fait le genre d'étrons qui prennent leur public pour des abrutis notoires. Bien entendu, iBoy ne déroge pas à la règle.

On suit donc l'histoire de Tom, joué par un acteur avec une sacré gueule de théorème britannique, et d'Arya Stark, dont le visage oscille toujours entre l'impossibilité physique et l'improbabilité mathématique. Et pour ça, je dis, respect. Oui, respect a un film pour adulescents de nous caler deux vrais gueules en personnages principaux, au lieu des androïdes faussement parfaits et lisses qu'ils utilisent d'habitude. Mais bon, c'est pas ça qui sauve le reste.

Après une exposition expédiée en moins de dix minutes montre en main, servant juste à nous présenter le héros en mode fragile ainsi que son love interest qui décide comme par hasard de lui parler pour la première fois le jour même de la tragédie à venir, le film démarre réellement alors que Tom s'aperçoit que la porte d'Arya est fracturée. Ni une ni deux, il tombe nez-à-nez avec Amine Mojito et toute sa bande en train de punir la keh et de diffuser le bordel sur Snapchat.

Amine (qui s'appelle en réalité Eugène) il est pas jouasse, du coup il sort un revolver et bam, il aligne Tom alors que ce dernier est en train de composer le 911. Générique, Tom sort d'un coma de dix jours devant un médecin mais qui s'en bat totalement le jonc de ce qui se passe, il sort de l'hosto par la même occasion, et ses pouvoirs se réveillent.

Voilà, là on touche au point sensible du film : son postulat. La balle d'Eugene elle a touché le téléphone de Tom, il a soi disant des fragments d'Iphone dans le cerveau, et du coup ça lui donne des super-pouvoirs. Alors, je veux bien qu'un accident initial de super-héros soit bidon, mais à ce point, c'est du grand art là, sortez les trompettes. C'est comme si Magneto était devenu un mutant parce qu'un jour il s'est mangé trop fort la porte du frigo sur la tronche, et qu'un bout de magnet acheté 4.99 les quinze au Gifi soit rentré dans son lobe temporal. Je vous laisse méditer sur le degré de connerie du truc.

Donc ouais, dat boi s'aperçoit qu'il peut voir les mauvaises incrustations des fx avant la post-prod, et s'aperçoit aussi qu'en vrai, ben ses nouvelles capacités, elles n'ont aucune logique ou cohérence, c'est un peu la fête à Saint-Ouen. Grâce à ce pouvoir évoluant anarchiquement au gré du scénario, Tom va remonter tout le réseau de la bande à Mojito pour leur péter la tronche tout en jouant au white knight totalement creepy auprès d'Arya Stark.

Le Tom, il peut capter que le portable d'Eugène s'est connecté à la box d'Arya (j'imagine bien d'ailleurs le mec soulever la box pour chercher le code wi-fi en pleine agression), intercepter des vidéos de viol transférés en plein cours de la manière la moins discrète du monde avec ses yeux, les enregistrer, écrire des sms sans les mains rien qu'en les pensant et les envoyer à des numéros qu'il ne connaît pas, regarder cinquante mille vidéos en simultané et apparemment totalement assimiler ce qu'elles expliquent (que ce soit le hacking de portable pour les nuls ou le self-défense), pirater des téléphones en les contemplant très fort, changer les fréquences des postes radios, rentrer dans les caméras des téléphones (l'occasion de constater que certaines personnes se masturbent avec la caméra de leur portable tournée vers eux, wtf), pirater un putain de rétroprojecteur de lycée (tu sais le machin tellement antédiluvien que tes profs galèrent à le faire marcher, y a ni wifi ni bluetooth mais Tom ça l'arrête pas il peut quand même l'utiliser pour diffuser des vidéos de branlette), contrôler des vieilles bagnoles sans ordinateur de bord jusqu'à les faire exploser (???), uploader des vidéos sur Youtube (utile pour sa chaîne VictimeGaming), vider et remplir des comptes en banque on sait pas comment, avoir les réponses des examens, se diriger sur Google Map, trouver une voiture particulière parmi les millions de voitures de la ville rien qu'avec des caméras en moins de cinq secondes et faire de la télékinésie quand il est colère.

Et encore, j'ai pas tout mis. Tu la sens la cohérence du pouvoir ? Moi oui, je sens que le connard d'auteur qui a écrit le bouquin duquel est adapté ce chef-d'oeuvre a très longuement réfléchi à comment marchait la chose. Parce que mon gars, a quand bien même dat boi a des fragments de téléphone dans le cerveau, j'ai quelques objections :

• 1) C'est des fragments. Ce n'est ni la carte mémoire, ni la carte SIM, ni l'antenne radio, ni le putain de portable tout entier. C'est des fragments.


• 2) A quand bien-même Jean-Tom aurait une tour à plusieurs milliers d'euros avec un i7, une GTX Titan, 16GO de RAM, deux disques durs d'1 tera et un putain de ssd encastré dans le crâne, CE N'EST PAS POSSIBLE. Moi je veux bien qu'un mec mordu par une araignée puisse soulever de la fonte comme pas deux et grimper aux murs, mais ma suspension consentie de l'incrédulité a des limites que ce film outrepasse largement.

Et là, vingt minutes avant la fin, ça devient totalement fou. Le "vrai" méchant qui s'appelle Ellefan ou un truc du genre débarque en sortant vraiment de nul part, d'une manière qui m'échappe encore le mec il est au courant que le héros a des pouvoirs alors que merde, absolument personne ne le sait, il connait la grand-mère, il a baisé la mère du héros y a longtemps et il insinue fortement être son daron, et en plus apparemment son visage est un brouilleur pour le pouvoir de Tom (????)

Après y a une bagarre finale moisie dans un entrepôt, Tom il est pas jouasse, il dit au méchant qu'il ferait mieux de partir et pan il fait faire des étincelles à des téléphones, ce qui tue tous les sbires présents dans la pièce (????) et pendant que Tom est occupé à faire joujou avec les prépayés Ellefan en profite pour s'enfuir au lieu de lui défoncer la tronche alors qu'il est genre à même pas un mètre de lui (Non mais essayez au moins les mecs wtf). Du coup on a droit à un combat final sous la pluie risible et bim télékinésie dans la bouche, Ellefan glisse deux mètres sur les pavés et meurt pendant que Tom n'a plus de batterie (putain d'iphone, toujours le même problème).

Et tadaaaa, happy end où Tom pécho Arya, ils vécurent heureux et eurent plein d'enfants à géométrie variable.

A l'image du héros, le film n'a aucune ambition, en plus de prendre son public pour des mongolos. Outre les illogismes, les IMMENSES problèmes de rythmes, le scénario et les personnages en ligne droite qui pleurent encore sur leur développement perdu, on a ABSOLUMENT aucune réflexion, que ce soit sur la condition d'anomalie/héros (je ne compte pas les deux lignes de dialogues et les trois scènes de pseudo-responsabilité de Tom sur ce qui se passe dans la cité, en plus d'être classique de chez chiantos c'est ridicule) ou sur notre dépendance à la technologie et notre hyper-connectivité, chose qui aurait pu être mise en place plus qu'aisément vu le postulat du truc mais non, c'est comme si l'auteur n'avait eu qu'une moitié de bonne idée.

Dommage pour nous, une moitié de bonne idée, eh bah ça donne une idée de merde.