Ick
5.1
Ick

Film de Joseph Kahn (2024)

Joseph Kahn l'a reconnu avec humour lors de la présentation de son nouveau film : la pandémie de COVID-19 s'est littéralement incrustée dans un scénario écrit avant le confinement, et qui n'avait pas vocation à allégoriser une quelconque épidémie et ses conséquences sur la population. Mais la vie a ses surprises, et certaines scènes du sobrement nommé Ick, où la parole scientifique et l'injonction à ne pas sortir de chez soi pour des questions de sécurité se voient remises en cause par les tendances complotistes d'une foule décérébrée, ne manqueront pas de faire remonter à la surface quelques souvenirs très récents.


Pour le reste, la référence principale de Ick reste bien évidemment Le Blob de 1988, à la différence que l'apparition de la substance extraterrestre au sein de la commune est ici antérieure au début de l'intrigue, et que la présence initialement inoffensive de cette dernière a été totalement intégrée à la routine des habitants n'y voyant plus qu'un élément du décor, jusqu'à refuser de changer leurs habitudes alors même que les signes avant-coureurs du désastre ne cessent de prendre de l'ampleur (référence au changement climatique ?). L'autre point d'originalité réside dans la temporalité hybride du long-métrage, à cheval entre l'époque contemporaine (les nombreuses vannes, parfois pas bien finaudes, sur la cancel culture, le masculinisme et autres sujets identitaires à la mode) et le teen-movie des années 2000, que ce soit par son utilisation rigolarde de tous les poncifs inhérents au genre ou sa BO en forme de compilation best-of qui pourra, au choix, provoquer une forte douleur auditive ou un petit sourire attendri et nostalgique chez ceux ayant grandi à cette époque (comme votre humble serviteur).


Si Ick ne cherche jamais à transcender son scénario et assume totalement son côté série B divertissante, c'est sur le plan visuel qu'il entend faire valoir ses arguments. Clippeur surdoué ayant officié sur bon nombre de titres emblématiques du début de siècle, Kahn profite de la moindre occasion pour enchaîner les effets de mise en scène pêchu, faire virevolter sa caméra dans les endroits les plus improbables, et caser des transitions loufoques, octroyant à son film une énergie de tous les instants. Que ce soit dans les premières minutes où il nous offre un résumé express de la vie de son protagoniste, ancienne star lycéenne de football retombé dans l'anonymat après une gloire éphémère (un rôle plus ou moins autobiographique, au vu de sa carrière, pour le toujours très sympathique Brandon Routh), ou dans son climax bourrin s'amusant de le gravité et servi par des effets spéciaux relativement honnêtes au vu du budget ridicule.


On ne peut cependant s'empêcher de ressentir, comparé aux folies furieuses dont Kahn a pu nous gratifier par le passé (l'inénarrable Torque), une certaine forme de retenue dans ce long-métrage dont le vrai but semble être de permettre à son réalisateur de revenir dans les bonnes grâces des studios. Dommage...

Little-John
6
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le 7 déc. 2024

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Little John

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