« Ikarie XB 1 » est une adaptation d'un roman de Stanislas Lem, « Le nuage Magellan (1955) » Cet auteur de science-fiction polonais a écrit plusieurs romans, des nouvelles et un essai. Son roman le plus célèbre, « Solaris », a été somptueusement adapté par Andreï Tarkovski en 1972. (il existe aussi un remake américain de Steven Soderbergh datant de 2002). « Ikarie XB 1 » aurait inspiré « 2001, l'odyssée de l'espace » de Stanley Kubrick.
Le film se déroule principalement dans un superbe vaisseau spatial,« le bled perdu de l'univers », à l'esthétique cinétique très stylisée, totalement atypique comparé à ce que l'on a déjà pu voir auparavant. Un vaste et dédalesque huis-clos où va se jouer une tragédie de l'espace entre quarante personnages, hommes et femmes, dont la fin entrouvrira un espoir en forme d'énigme, sur fond de musique symphonique composée par Zdenek Liska. Celui-ci baignera par ailleurs le film d'une musique électronique très contemporaine. Dans le vaisseau, les caméras de surveillance en forme d'oeil retransmettent leurs images sur des grands écrans présents dans toutes ses aires où les personnages peuvent se surveiller, communiquer, ou se blesser. Ils servent également de lien avec la Terre, ce qui donne à voir des images télévisuelles plus sales, tressautant parfois ou s'interrompant. Cette incrustation d' images exogènes à celles rigoureuses du film est une grande réussite. Filmé en scope, en un superbe noir et blanc, « Ikarie XB 1 » surprend par ses dialogues d'une étonnante modernité, existentiels, métaphysiques ou poétiques, et parfois non dénués d'ironie ou d'humour. Le film se situant au XXIIème siècle, le XXème y est perçu comme un siècle d'atrocités : « Ceux qui ont laissé derrière eux Auschwitz, Oradour et Hiroshima ». Les scènes dans l'espace, minimalistes, sont d'une beauté stupéfiante. Vu de l'extérieur et de près, le vaisseau est d'une étrange beauté, comme des sphères moléculaires reliées. De loin, son aspect est plus banal.
La construction du film est telle que le mystérieux début trouvera son sens au bout d' 1 h 10.
La caméra, très mobile est sans cesse mouvements d'une rare audace. Elle se resserre avec brio lors des scènes d'actions, utilise le gros plan pour capter les visages.Jouant subtilement avec le décor cinétique, elle fait émerger des effets visuels incroyables. Les zooms rapides sont judicieux. Le montage est très novateur. Un diamant.